Petite fable affable
Un jeune caïman, filou parmi les brigands,
Se croyant renard parmi les loups, en ce siècle
Où les penseurs étaient eux-mêmes des intrigants,
Ne dévidait ses jours qu’en tromperies espiègles,
Roberies extravagantes… et autres coups fourrés.
La nuit le cachait au plus profond des forêts ;
Le jour le voyait tout à son art de l’entourloupe
Sur les routes, à l’auberge, au marché,… avec sa troupe.
N’étant pas de ces gueux qui, las, estourbissent l’un
Ou bistourissent l’autre, il savait bien son rôle :
Larron non sicaire. Le gibet du châtelain
Ou le puceux galetas grabataire des geôles
Jamais ne le virent quoiqu’hélas on le vouât
Souvent aux gémonies et que plus d’une sage voix
Réclamât pour son col les fourches patibulaires
Ou les bois de justice… mais jamais les galères.
Plus il se sentait haï, plus il se voulait craint
Et y travaillait ardemment, aimant surtout l’aube
Et le crépuscule et d’inextricables chemins
Pour arrondir vaguement, que l’on portât la robe
Ou l’épée, le pécule qui lui faisait matelas.
Mais jamais il ne détroussait, dans ses « Halte là ! »,
Une dame ou un pauvre ni ne navra quiconque.
Un jour, le questionna sur cela un quelconque.
Il dit : « À quoi bon mettre ma vertu au défi
Si mon orgueil ne peut en tirer quelque profit ! »
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