Petite fable affable
Au temps de sa plus belle saison,
Au bel âge des fleurs en bouton,
Sa cicatrice reçut l’entaille
D’un rogaton qui, vaille que vaille,
La fit se mettre, un jour, à genoux
Pour quelque chapelet de mots doux
Et communier par les deux espèces,
Tant le bélître avait l’âme épaisse.
Et pour le remercier de l’avoir
Éduquée comme un fort bon maître,
Elle eut droit à une place, à voir :
Tirée du caniveau par cet être,
Elle fut donc mise sur le trottoir
À deux pas, c’est fin, d’un décrottoir.
Elle y attend le chaland qui déraille
L’appelle d’une voix s’éraille.
Malgré sa marguerite effeuillée
Et son champ d’amour tant défriché
Lui reste son mec, son maq’, son Jules
Et elle doit lui en savoir gré.
Il a dit, en bellâtre qui bulle,
Qu’elle aurait, promis, des armoiries
Matin - Si elle sue du nombril ! -
Et qu’on lui donnerait du « Madame »,
Partout, de Pantin jusqu’à Paname.
À quoi elle répond, jà déçue :
« On peut toujours croire en qui espère
Récompense mais on désespère
De celui qui l’a déjà reçue ! »
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