Petite fable affable
Gisant dans un galetas sans matelas,
Le vieux cheval a le corps et le cœur las.
Il semble inhumé vivant en son étable
Noire comme un cul de basse fosse. Hélas,
Ce sera son tombeau : lui, le corvéable
À merci, il reste l’oeil sur le vasistas…
Lors, agité comme un gitan de Jité,
Le mouton qui à la ferme dit cogiter
Vient à lui : « Lève-toi l’ami, la fermière
A dit que si sans les trois jours tu n’es point
Levé, des lasagnes seront ta dernière
Demeure. Et déjà le premier soir nous point… »
La rossinante ne bougea mie de sa sépulture.
L’ovin revint à la charge. C’est sa nature.
Souvent. En vain. La mort étendait déjà
Son empire sur la pauvre vieille tête…
Puis, au terme du délai, revint le goujat.
« Je gage qu’on vient t’abattre ! » dit la bête.
Or le cheval voulut accueillir son sort
En face. Il se leva, quoique sans ressort.
« Alléluia ! cria-t-on de par la ferme.
- C’est miracle ! » chanta le coq, bon baryton.
La fermière ajouta, frissonnant du derme :
« Pour fêter ça égorgeons donc le mouton ! »
Dans certains cas et dans d’aucunes affaires,
Se taire est le mieux, parfois, qu’on à faire.
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