Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 25 juin 2024

HAÏKU’M PLAISANT ?

J’admire beaucoup mais n’envie point.

LE PYTHON CHÂTIANT LE COBRA

Petite fable affable

Un python gardait une dent contre un cobra
Qui, naguère, le nargua. Le fier-à-bras
Cherchait comment le punir cette écorne ;
Quoique caché dans un fourré fourni de viornes,
On ne saurait, sur ma foi, rester de bois
Face aux cracheurs de fiel quand on est boa…
Ou presque. En attendant que ne sonne l’heure
De sa vengeance, il cherchait maints pièges, moults leurres,
Pour attirer à lui ce maudit naja
Qui, parce qu'il n’est que venin, se croit rajah.

La chance lui sourit plus que sa malice :
Un soir, son ennemi si lisse se glisse
Dans ses entours. Le python lui saute au cou
Et l’enlace fort, l’enserre plus que beaucoup.
Bien que l’autre est eut le temps de cracher et mordre
Il ne put, vite, que finir par se tordre
Et agoniser. Mais, le vainqueur ne savoura
Pas longtemps sa victoire et, pris comme un rat,
Il mourut sans avoir relâché sa proie morte
Car, las, le poison courant ses veines l’emporte…

Ainsi à vouloir trop écouter sa haine,
À vouloir se revancher d’un affront, d’une peine,…
Il nous en vient des victoires à la Pyrrhus
Voire à perdre ce à quoi on tient le plus.

dimanche 23 juin 2024

HAÏKU DE MÉMOIRE

Un amnésique peut-il vivre quelque chose d’inoubliable ?

LE PARC OPALIN

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 2 mars 2023

Le parc s’est endormi dessous le duvet albe
De sa couette de neige. Les arbres nus, noirs
Et sommeillant font au blizzard un promenoir
Ou jouent les gardiens d’un décor vierge, sans galbe.

Las, point de promeneurs et pas d’oiseaux non plus
Pour colorer, Sauf un instant, les reflets ivoire
Et nacre habillant les bancs abandonnés, reclus.

Blêmes de lourds coussins, les jeux, les balançoires,
Sont muets, attendant dans un scintillement
D’argent la fin de l’hivernal bannissement.

Sur le bois froid des tables une nappe épaisse,
Immaculée comme l’est lys espère en vain,
Quelque pique-niqueur, photographe ou écrivain,
Pour habiter sa solitude qui paresse…



vendredi 21 juin 2024

HAÏKU DE SOI

Certains sont altruistes par égocentrisme.

ENVOLÉE DANS LES PLUMES

Petite fable affable après Volée dans les plumes

« N’empêche que vous êtes vraiment ingrates !
Répéta le faucon aux gallinacés

- Nous ?! répondit lors l’une d’un ton glacé.
Et envers qui ?…L’Homme, engeance scélérate ?
On t’a déjà dit ce que nous en pensions.

- Non envers moi !…Car s’il vous prend en pension
Et, mieux, en pitié, c’est bien grâce nous autres
- Rapaces, renards, furets,… - tous apôtres
De la prédation, voulant vous déplumer
Pour de verte faim nejamais écumer.

- Et ?

- Et… comment donc ce signalé service, 
Nous est-il payé ?!…  De mépris et de vents !

- Et ?

- … ce serait justice, et non tour ou vice,
Que vous en payiez le prix,… pas souvent,…
En nature… Un tribut, même fort minime,
Compenserait les dangers, pas si infimes,
Que nous prenons, las, pour vous assurer
La sereine sécurité d’emmurées !

- Et puis quoi encore ? Nous payons déjà
Trop cher de ne pouvoir lutter toutes seules
Contre tous tes frères carnassiers, goujat !
Devant nous nous sous la férule d’homme
Qui ne songent qu’à nous becqueter comme pommes !
Depuis quand remercie-t-on qui nous a fait
Nous mettre en esclavage autant que celui
Qui nous fait croire que c’est un grand bienfait
Que la servitude volontaire… et nous cuit ? »

mercredi 19 juin 2024

HAÏKU DE SCALPEL

Je ne suis pas bien dans ma peau mais ne veut pas pour autant la vôtre !

PLEURS D’ICI & D’AILLEURS

Depuis l’automne, à tout le moins,
Les arbres nus tendent leurs mains
Pour implorer la bénédiction des cieux
Devenus sourds aux prières de leur tronc soucieux.
Hélas, ces orants aux bras maigris
En resteront l’âme à sec le coeur aigri.
Résonne leur plainte jusqu’à nous. On les plaint,
Leur fait écho mais pas de larme d’en haut ne vient…

Depuis des dizaines d’années, au moins,
Des enfants vont nus sans goutte ni gain,
Espérant générosités d’un monde vieux,
Aveugle à leurs malheurs et douleurs, n’ayant d’yeux
Que pour ses intérêts et foldingueries,
Ne soignant plus que sa panse abougrie,…
Raisonne son ego pour que tourne à plein
Son éco’. Nul espoir de ce côté ne vient…

mardi 18 juin 2024

HAÏKU’MPTABLE

Entre tes lèvres et mes livres, je ne sais lesquels me délivrent le plus et desquels on se sèvre le mieux ?

lundi 17 juin 2024

HAÏKU BLESSANT

Plaie au cœur, cicatrice à l’âme !

LES GRENOUILLES QUI VOULAIENT LA LUNE

 Petite fable affable

La grande république des Batraciens
Rêvait tout haut de conquérir Dame Lune.
Se mirant dans leur belle mare, à la brune.
Alors nos rainettes, comme circassiens,
Sautaientt toujours plus haut afin de l’atteindre.
L’affaire tournant court. On vint à s’en plaindre !

Une grue ouïe lamentations
De ces foules. Comprenant sa folle
Envie elle proposa son rôle :
« Formons, amies, association :
Je sais vos projets : d’un seul coup d’ailes
Je puis les réaliser. La Belle
Que vous convoitez toute la nuit,
Je la côtoie, tout comme cet astre
Au cœur sec, qui vous crée des ennuis
Le jour venu. Je ne veux point piastre
Car il faut s’entraider en Nature
Non nous jeter l’un l’autre en pâture. »

On hésita mais le beau discours
Rassurait comme l’œil de l’oiselle.
« J'en glisserai une sous mon aile, 
Et puis une autre, pour faire court,
En mon bec. Ainsi point de problème.
Et chaque soir, je ferais de même ! »

On essaya. Nulle ne s’enquit
De celles "parties" : être dans la lune
Est, las, joie qui oublie l’autre et l’une.
Or notre grue gobait en maquis
Les grenouilles tentant l’aventure
Finissant confiture ou friture.

Nulle bête qui la chose a su
N’osa prévenir les aquatiques
Toute à leurs rêveries lunatiques :
Le peuple, pansu ou peu cossu,
A tant besoin d’illusion pour vivre,
Trouver son destin, se pensant libre.

samedi 15 juin 2024

HAÏKU GRAVÉ DANS LE MARBRE

La mémoire est un palimpseste sur lequel nos souvenirs ne sont qu’esquissés.

L’ENFER, C’EST D’ÊTRE UN AUTRE

Hélas, je me suis laissé envahir par le vide
Du monde et du futile des gens de néant,
Subjugué, conquis par des plaisirs mécréants,
Par la vacuité d’un Temps aux joies livides.

Du monde et du futile des gens de néant,
Il n’est rien à garder dans notre époque bavarde
Où l’esprit et l’âme valent moins que vos hardes,
Subjugués, conquis par des plaisirs mécréants,…

Il n’est rien à garder dans notre époque bavarde.
La cire des jours nous façonne « comme il faut »,
« Comme les autres »,… : on vit où tout est fat et faux,
Où l’esprit et l’âme valent moins que vos hardes !

La cire des jours nous façonne « comme il faut »,
Hélas !… Je me suis laissé envahir par le vide,
Par la vacuité d’un Temps aux joies livides,
« Comme les autres ». On vit où tout est fat et faux !

jeudi 13 juin 2024

HAÏKU DE SENTIMENTS

Prenons nos maux au mot et la Mort au mors !

TAPAGE DANS LE BOCAGE

Petite fable affable

Ah, la Haute Normandie en basse saison !
Le chaume et les colombages de ses maisons
Ses vaches mis aux prés,… Et ses prés pleins de vaches… 

(Ça va, on a compris, le rêveur : tu rabâches !)

Car la Haute Normandie, en basse saison,
Après le temps des fauchaisons, des fenaisons,
Se sont poiriers et poiré… ou pommiers et cidre !…

(Ça va pas recommencer ?!…  Tes mots sont des hydres !)

Bon, imagine qu’on soit à la basse saison,
Au temps de châtaignes en robe de bogues, et donc
En Haute Normandie, qu’aux prés verts sont deux vaches.
Et plus ces belles causent, plus, las, elles mâchent
Dans une de ces éternelles discussions
Qui ressemblent fort à une rumination.
L’une parle de ses projets, l’autre de ses rêves,
Toutes deux évoquent, invoquent, « demain » sans trêve,
On dirait vieilles radoteuses redisant,
Sans fin, ce qu’elles ont répété depuis des ans.

Lassé de les entendre ressasser, une taupe
Les interrompt : « Pourquoi, fait notre nyctalope,
Nous rabattre les oreilles de vos souhaits
Avortés en grinçant comme de vieux rouets ?
Faîtes donc et taisez vous donc un brin, mesdames,
                                        Ça nous fera des vacances !

- L’aveugle nous blâme,
Fait l’une, car elle ne sait rien de notre vie
Au grand air, de jours courant leur cours sans envie,…

- Je ne vois pas mais je vous entend que trop, dame !
Sachez qu'il n'est en mon trou jamais d'épigramme.
Donc point de “j’aurais pu”, pas plus de “j’aurais du”
En ma vie. Oui, car “La parole n’est que l'ombre 
De l’action*” et vivre ma vie, pourtant si sombre,
À ce soleil-là est mon unique ambition…
Et je m’y tiens toujours avec application. »

* Démocrite.

mardi 11 juin 2024

HAÏKU DE LIVRES FAISANT LEUR POIDS

Chez mes semblables, trop souvent, plus l’écran est grand, plus l'esprit est étroit.

MA RIVIÈRE…

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (6 février 2023)

Quoique botté de neige et ganté de glace,
L’hiver ne m'a jamais fait taire en la place,
Oui, certes, je coule moins que je ne cours
Mais les frimas ne m’ont pas prise de court.

Si ma voix murmure plus qu’elle ne chante,
Toujours, transie, mais sans peur, elle hante
La prison de silence de ces hauts champs,
Dénoue le corset de ces grands froids méchants,…

Entre mes rives givrées que n’a su coudre
Chioné, ma voix faiblie continue à sourdre,
Quand même le vent gelé, lui, s’est figé
Et la Vie s’est résignée, affligée.

Bien que bottée de neige et gantée de glace,
La Mort ne me fera pas taire en la place,
Quoiqu’elle ait tout saisi partout, ici, là,
Jusqu’au Temps qui fuit, devenu soudain las…



lundi 10 juin 2024

dimanche 9 juin 2024

HAÏKU RAGEANT

La tyrannie bureaucratique d’une administration arbitraire est la plus despotique force d’oppression de nos régimes dits « démocratiques ».

CHAT LE MAGNE

Petite fable affable

En pays de Raterie, un gros sage rongeur,
Ermite, prêchait la paix à ses pairs songeurs…
La paix et le partage, gage à ses dires,
De celle-ci préservant donc chacun du pire.
Hélas un chat énorme, gourmand et gourmet
Le bougre, en leurs entours, matin, en fit ses mets.

Pourtant on lui avait dépêché notre ascète ;
Le matou en fit belle et bonne recette.
Car il était si replet cet ambassadeur
Que Chat le Magne y vit, sans la moindre pudeur,
Un apéritif préfaçant festins sans nombre,
Point de vergogne ni d’ambages. Non, pas l’ombre.

Sûr d’être en pays de cocagne, le minet,
Comme d’aucuns tyrans jadis exterminaient,
Tue premier cent de ses hôtes. Puis, le plus maigre
Et le plus jeune d’entre eux, l’air des plus allègres,
Se propose en tribut : peut-on finir pâté
Quand on a si peu à offrir pour appâter ?

Il fabriqua l’effigie d’une grosse rate
En bois, qu’il enduisit de poix. Puis, ce pirate,
Dans la nuit noire, appela l’énorme félin.
Qui se colla la langue à la glue, peu malin…
Ainsi il le donna, à toute la canaille
Des rats ravis qui, sur l’heure, en firent ripaille !

En pays de Raterie, chez tous les rongeurs,
On tira alors, même chez les plus songeurs
Deux grandes leçons : quand tu veux plaider ta cause
Choisis qui pourra vraiment arranger les choses,
Non qui les aggravera ; Ensuite que faim
Mène le sot, soit-il le plus fort, à sa fin…

samedi 8 juin 2024

vendredi 7 juin 2024

HAÏKU BANAL

D’aucuns haïssent ce qu’ils se refusent à admirer.

L’AUTOMNE DE LÀ-BAS

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau

Alors qu’enfin se déplie leurs chaudes lumières
Les nues jettent un voile pudique, jà rosi,
Sur l’été qui finit sans s’achever, saisit
Par les mains des buissons et les doigts des bruyères.

Cette mousseline vaporeuse, tissée
De brumes, là, esquisse et estompe les formes
De Dame Nature quittant son uniforme
De verdures, tout en froissés et en plissés.

Et puis, l’invisible enfin nous devient sensible,
Sous un ciel qu’Eos trame de soufre et coud d’or ;
La gaze est résille alors que la nuit s’endort.

L’aube accroche, en naissant, des ombres invincibles
Qui résistent, parmi les taillis rasibus,
Au départ de Pheobe, à l’arrivée de Phoebus,…



mercredi 5 juin 2024

HAÏKU DE VUE

On se refuse à admirer tant on aime à plaire !

LES RATS & LE RENARD

Petite fable affable

Deux rats rieurs et railleurs couraient de monde
Pour se prendre compte si la terre est ronde.
Ils s’en revinrent, un beau jour, du fin fond des bois
Leur curiosité, las, encore aux abois :
La réponse n’était pas là… plus loin peut-être,
C’était œuvre de héros pas de vils traîne-guêtres.

« Voilà tout gras, tout gros, mes rôtis arrivés ! 
Glapit un renard qui, à les voir, salivait.
Je vous avoue que c’est là une belle aubaine
Pour un estomac de prédateur en déveine ! »

Notre noceur est un poseur : un gros saigneur
Qui se la joue dindon dandy ou grand seigneur.
Mirliflore, il joue avec sa nourriture
Comme un jeune chat ou un gommeux immature.
Aussi notre coquet croqueur de coquelets,
Verbe noble, taquine le plus potelé
Puis chahute l’autre comme un aristocrate
Pour enfin titiller nos rejetons de rate
Avec l’art et la manière d’un muscadin
Qu’une vie sans souci a fait gandin badin.

Mais les rongeurs s’enfuient au loin de ses babines,
Au gré des milles délires et péroraisons
De ce paon à queue touffue tout en déraison,
Laissant le roué seul… avec sa faim canine.

Si ta tête est steppe ne fait pas le faraud
Car il t’en coutera et le pot et le rôt !

lundi 3 juin 2024

HAÏKU TOMBÉ

Réputation bien assise qui vient à choir peine à se relever !

IL PLEURE SUR MOI ET PLEUT EN MOI

La pluie, en fils d’eau, tisse la trame 
Des jours qui filent, rapiécés,
Sur l’écheveau de mes rêves élimés
Qui finissent en spleens et en épigrammes.

Éclaboussée par mille milliers de roues,
En tombant sur les pavés ou sur l'asphalte, 
Sans y coudre le songe d’une halte,
Elle leur brode et leur croche ses boues.

Qui a soif du piqué de gouttes fluettes
Ourlant de sanglots vos plus tristes pensers,
Les mouillant du douloir d’un Ciel lassé ?
Qui a faim de ces larmes jamais muettes ?

Tout à la pluie va, ce jour, ma poésie…
Trempée aux flaques, inondée aux gouttières,
Ruisselant de vers pris en sa tourbière,
Comme onde en tapisserie saisie…

samedi 1 juin 2024

HAÏKU DANS LE DOS

Tout ennui est mortel. Toujours aussi !

LE PUANT PUTOIS

Petite fable affable

Un putois se plaignait au vieux sanglier
D’être un paria des bois, un particulier
Que l’on n’aime pas voire que l’on déteste,
Que l’on fuit au plus loin quand, lui, il vient,
Comme le pire des présages funestes,
Ou comme le plus laid des amphibiens.

Le putois ajoute : « On se tait à mon approche !
Le monde est méchant, le cœur de tous est roche. »

Ce sanglier-là n’aime pas la boue
Mais il conclue, la voix traînante de  flemme :
« Difficile de résoudre votre problème
Car, las, ce dont vous souffrez, ami :… c’est vous ! »