Petite fable affable
La grande république des Batraciens
Rêvait tout haut de conquérir Dame Lune,
Se mirant dans leur belle mare, à la brune.
Alors nos rainettes, comme circassiens,
Sautaient toujours plus haut afin de l’atteindre.
L’affaire tournant court, on vint à s’en plaindre !
Une grue ouït lamentations
De ces foules. Comprenant leur folle
Envie elle proposa son rôle :
« Formons, amies, association :
Je sais vos projets : d’un seul coup d’ailes
Je puis les réaliser. La Belle
Que vous convoitez toute la nuit,
Je la côtoie, tout comme cet astre
Au cœur sec, qui vous crée des ennuis
Le jour venu. Je ne veux point piastre
Car il faut s’entraider en Nature
Non nous jeter l’un l’autre en pâture. »
On hésita mais le beau discours
Rassurait comme l’œil de l’oiselle.
« J'en glisserai une sous mon aile,
Et puis une autre, pour faire court,
En mon bec. Ainsi point de problème.
Et chaque soir, je ferai de même ! »
On essaya. Nulle ne s’enquit
De celles "parties" : être dans la lune
Est, las, joie qui oublie l’autre et l’une.
Or notre grue gobait en maquis
Les grenouilles tentant l’aventure
Finissant confiture ou friture.
Nulle bête qui la chose a su
N’osa prévenir les aquatiques
Toutes à leurs rêveries lunatiques :
Le peuple, pansu ou peu cossu,
A tant besoin d’illusion pour vivre,
Trouver son destin, se pensant libre.
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