Petite fable affable
Un python gardait une dent contre un cobra
Qui, naguère, le nargua. Le fier-à-bras
Cherchait comment le punir de l'écorne ;
Quoique caché dans un fourré fourni de viornes,
On ne saurait, sur ma foi, rester de bois
Face aux cracheurs de fiel quand on est boa…
Ou presque. En attendant, là, que sonne l’heure
De sa vengeance, il cherchait maints pièges, moults leurres,
Pour attirer à lui ce maudit naja
Qui, parce qu'il n’est que venin, se croit rajah.
La chance lui sourit plus que sa malice :
Un soir, son ennemi si lisse se glisse
Dans ses entours. Le python lui saute au cou
Et l’enlace fort, l’enserre plus que beaucoup.
Bien que l’autre ait eu le temps de cracher et mordre
Il ne put, vite, que finir par se tordre
Et agoniser. Mais, le vainqueur ne savoura
Pas longtemps sa victoire et, pris comme un rat,
Il mourut sans avoir relâché sa proie morte :
Le poison courant dans ses veines l’emporte…
Ainsi à vouloir trop écouter sa haine,
À vouloir se revancher d’un affront, d’une peine,…
Il nous en vient des victoires à la Pyrrhus
Voire à perdre ce à quoi on tient le plus.
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