Ce siècle impatient de gens toujours pressés
Serait, las, de littérature lassé,
Alors on offre aux lectrices qui demeurent,
Et au lecteur qui reste - et c’est là, gageure ! -
Une prose minimaliste d’auteurs
Usant de « recettes », avant que, joie !, bonheur !,
Ils ne recourent, enfin, à « l’Intelligence
Artificielle ». Aussi, ainsi, cette engeance
Vite écrit ce qu'on lit de même et oublie
Aussi rapidement… « Car si je publie
‘Faut que ça se vende ! » « Qui parle d’une œuvre ?
Je veux un vrai best-seller que les couleuvres
De la télé’, du ciné’,… vont adapter ! »
Moins écrivain que comptable, on vient capter
Sa part du butin. Alors, donc on manœuvre…
Donc, ce siècle impatient de gens si pressés,
Qui serait de littérature lassé,
Se voit abreuvé de Fantasy poussives,
Aux récits dépressifs, aux trames agressives ;
De Polars et de Thrillers omniprésents,
Au lexique étique, à l’Anglais complaisant,…
Grammaire hasardée ? « Le style est mort, peuchère ! »
Chaque page le met plus profond en terre.
Car ces romans sont l’alpha et l’omega
Des catalogues, reflets de ces dégâts :
Difficile pour la poésie, le théâtre
D’y trouver plus qu’une niche… et moins stuc que plâtre.
Ainsi va le monde de l’édition
Misant tout sur la pub’, la promotion,
Un « nom » qui, face au Temps, dure moins qu’albâtre.
Dieu merci, il reste de petites mains
Qui veulent nous offrir d’autres lendemains,
Qui ne voient comme un simple « produit » le livre ;
Ni formaté, ni marketé, il se peut vivre.
Restent aussi d’indépendantes librairies
Qui vont et voient au-delà, par braverie,
De l’aveuglement de prétendus critiques
Et de ce vain matraquage médiatique
Qui encensent cuistrerie et vacuité
Modernité morbide et facilités.
Et puis il existe des lectrices curieuses
Des lecteurs avides qui ont la furieuse
Folie d’aimer les lettres et pas le néant,
De se mettre sur l’épaule des géants
Pour avoir - ou garder - l’âme moins pouilleuse.
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