Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 29 juin 2024

LE GRAND CERF

Petite fable affable

Fat et méprisant, ce Cerf était orgueilleux
Comme un dieu et, tout de même, hélas, vétilleux.
"Sire Arrogance" était son nom, et "Excellence
Orgueil" son petit surnom. Jusqu’à l’insolence,
Il paradait, les cors aux vent du sous-bois,
Toisant de sa hauteur, condescendant de droit,
La plèbe des bêtes qui ne se mésestime
Point trop mais jamais ne voit comme légitime
La vanité d’un grand qui, plus, est leur intime.

Ce matin-là, il morguait un jeune blaireau
Avec hauteur, lui parlait avec froideur, faraud,
Rappelant qu’il portait sur le crâne son titre ;
Que cette couronne, au vieux, tout comme au bélitre,
Doit inspirer la crainte et un vassal respect ;
Qu’il n’est rien en ce monde d’un plus bel aspect
Qu’on doit se rappeler lors avec déférence 
Qu’a de telles armes, ma foi, on doit révérence
Etre poli et baisser les yeux, circonspect.

Un triste jour, sonna, au loin, la chasse à courre :
Ça sent le chien flairant, le cheval qu’on débourre,…
Notre grand cerf perdant de sa superbe, prend
Ses jambes à son cou par les hauts taillis qu’il fend ;
Il abat les buissons et tous les fourrés froisse…
Quand ses cors qui le rendent rogue, quelle poisse !,
Par des branches basses, les traîtresses, sont pris.
Les limiers et les piqueurs l’ont vite surpris
Et ont dit l'avoir alors ouïe, pleins d'angoisse :
« C’est ce qui faisait ta fierté qui t’a perdu ;
Voilà à quoi mène langue trop bien pendue ! »

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