Petite fable affable
En pays de Raterie, un gros sage rongeur,
Ermite, prêchait la paix à ses pairs songeurs…
La paix et le partage, gage à ses dires,
De celle-ci préservant donc chacun du pire.
Hélas un chat énorme, gourmand et gourmet
Le bougre, en leurs entours, matin, en fit ses mets.
Pourtant on lui avait dépêché notre ascète ;
Le matou en fit belle et bonne recette.
Car il était si replet cet ambassadeur
Que Chat le Magne y vit, sans la moindre pudeur,
Un apéritif préfaçant festins sans nombre,
Point de vergogne ni d’ambages. Non, pas l’ombre.
Sûr d’être en pays de cocagne, le minet,
Comme d’aucuns tyrans jadis exterminaient,
Tue premier cent de ses hôtes. Puis, le plus maigre
Et le plus jeune d’entre eux, l’air des plus allègres,
Se propose en tribut : peut-on finir pâté
Quand on n'a si peu à offrir pour appâter ?
Il fabriqua l’effigie d’une grosse rate
En bois, qu’il enduisit de poix. Puis, ce pirate,
Dans la nuit noire, appela l’énorme félin.
Qui se colla la langue à la glue, peu malin…
Ainsi il le donna, à toute la canaille
Des rats ravis qui, sur l’heure, en firent ripaille !
En pays de Raterie, chez tous les rongeurs,
On tira alors, même chez les plus songeurs
Deux grandes leçons : quand tu veux plaider ta cause
Choisis qui pourra vraiment arranger les choses,
Non qui les aggravera ; ensuite que faim
Mène le sot, soit-il le plus fort, à sa fin…
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