Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 13 janvier 2014

ON EST AVEC…

De Québec jusqu'à Lübeck,
Elle aime les mecs :
Des bouffeurs d’bifteck, les peq’,
- Même les Ouzbeks ! -
À qui elle fait des becs,
Parfum de bonbecs.

Sois-tu métèques ou bien Tchèque,
Tu joues le remake
De la première fois, quèque,
Et tout hypothèque !

Oui, elle en fait la collec’,
Sans jamais d’échec,
Du pêcheur d’varech au cheikh,
Sans parler des Grecs
Qui, pour elle, sont le nec,
Sans salamalecs.

Elle convie aux obsèques
Du deuil, ses pastèques,
Les vieux anthropopithèques
Mangeurs de pancanke !

Sans vouloir un seul copeck,
Qu’ils soient bien impec’
Ou qu’ils sentent le fennec,
Elle aime les mecs,
Et elle en fait la collec’,
Des blancs-becs, des secs,…

Si jamais tu fais un chèque,
Elle se rebèque ;
Entre vous, point de sapèque :
L’Amour est sa Mecque !

COMMENT LES CARPES SONT DEVENUES MUETTES

Petite fable  affable

Oui, jadis les carpes parlaient.
Mais elles étaient bien les seules,
Parmi les poissons, à aller
Ainsi, ouvrant tout grand leur gueule.
Mots pas piqués des hannetons,
Elles causaient sur tous les tons :
Dénonçant les amours des unes,
Les alevins mal élevés,
Les conjugales infortunes
Ou les trop gras, qui maravaient,
Comme faisaient ces importunes,
Promptes à tromper et se gaver.
Vois : qui fait comme tout le monde,
N’aime pas qu’on fasse autrement
Et, plus souvent encore, gronde
Si on ne fait différemment !

Cette fable, glanée dans l’onde,

Ne finit pas là. Nullement.

Les autres hôtes de la mare,

N’appréciaient pas causeries
Et jaseries sous les samares.
Surtout pour des niaiseries !
Ils avaient choisi le silence,
Toujours atout, en tout chance :
Les muets, chasseurs, ainsi s’évitent
De jeûner pour n’avoir rien pris ;
N’étant ni troublés ni surpris,
Quand ils sont proies, ils fuient plus vite.

Mais, surtout, leurs vaines paroles,

Étaient entendues des pêcheurs
Qui trouvaient sans mal, c’est pas drôle !,
Les « bons coins », les plus « accrocheurs » ;
Et chacun y faisait provende.
On se tourna, en banc et bande,
Vers ce goinfre de Roi Brochet.
Pour sauver son vivier exsangue
Et les faire taire, la langue
Aux carpes fut alors arrachée.

Parle si ce que tu veux dire

Vaut mieux que Silence, et non pire !













Illustration : Élisa Satgé, été 2019

samedi 11 janvier 2014

L’HAÏKU SAINT PÉTEUR

La politique c’est l’art de mener à l’aveugle
un peuple de muets rendus sourds et sans mémoire
vers un abîme baptisé « destin national ».

LE COLVERT FIER DE LUI

Petite fable affable

Pour un canard, c’était un vrai connard !
Tout le monde le disait dans la mare.
Ce colvert-là morguait, l’air goguenard,
Chacune et chacun. Tous en avaient marre.
Il déprisait les poissons les plus peinards
Et méprisait l’oiseau qui tintamarre
Dans sa grise livrée. Pauvres nanars !
Trop au-dessus d’eux, lui, que tant chamarrent
De belles couleurs, est un snobinard !
Il n’a qu’insolence pour la gammare
Ou l’insecte bruyant et fouinard.
Son arrogance, jamais à l’amarre,
Pour le collet monté comme l’anar’,
Indispose aussi les siens. Mais démarre,
Par un clair matin, la chasse au canard,
À la grand joie des hôtes de la mare.

Que tu l’aies serré, dur, blanc, bleu, ouvert ,…

Ne te monte pas trop le col, l’Apôtre,
Tu pourrais finir détesté des autres
Et triste victime d’un fait divers !

EN ROUTE POUR… LE PARKING

Dans la ville, nous on stationne
Sur quelque voie de garage,
Un parking où on ambitionne
De prendre un tout nouveau virage.
Pas besoin de vos éclairages
Sur nous, exclus,
Prêts aux éclats, prompts à l'orage
D'vous, les Occlus !

Dans la vie, nous on ambitionne
De se trouver dans les parages
Un' place qui nous positionne.
On veut plus de vos commérages
Et connaître un vrai démarrage,
Nous, les Perclus,
Hors cet' fourrière où on enrage,
Nous fait reclus.

On n'veut plus d'vos tirs de barrage :
Nous, on s'inclut
Dans votre monde de mirages !
Et t'en conclus ?!

vendredi 10 janvier 2014

jeudi 9 janvier 2014

FAUT TENIR L’HAÏKU !

La Liberté crée des différences,
l’Égalité n’empêche pas les disctinctions
et la Fraternité doit corriger le tout !

EN ROUTE POUR… UN UNIVERS DE PETITE FILLE

Ma chambre est celle d'une enfant,
Moi, l'adulte célibataire,
J'attends, peureuse comme un faon,
Celui qu'est pas dans l'annuaire,
Mon prince Charmant, triomphant,
Mon bel amant, ébouriffant,
Celui des rêves,
Avec épée et olifant,
Sans peur ni trève.

Dans ma chambre, celle d'une enfant,
Viendra-t-il ce retardataire,
Lui, que j'espère en étouffant,
Restant lasse, là, à me taire
Au milieu de ces mousquetaires,
Sans art ni sève,
Moi, qu'ai le cœur comme un cratère
Qui fait la grève.

Ma chambre perdue sur la terre,
Où je m'élève,
Est son royaume héréditaire…
Seule, j'y crève !

Illustration : Camille Lesterle, 20 juin 2014

L’ÉPOUVANTAIL

Petite fable affable

Il n’est rien de pire que l’ennui !
Pense tout haut, dans sa solitude,
Un épouvantail à qui nuit
D’être toujours seul, le jour, la nuit,
Sous la pluie ou la béatitude
Du soleil. Au diable, l’habitude !
Il avait un emploi, la santé
Mais, qu’au milieu du champ, on l’isole
Et on l’oublie, cela le désole ;
Une punition imméritée !
Ah, ça rien de pire que l’ennui !
Pourtant quand, soudain, sa quiétude,
Fut troublée par l’orage, à minuit,
Qu’un fol incendie, malgré la pluie,
Ravagea sa vie de platitude
Et tout le champ, avec promptitude,
Il n’eut pas le temps de déchanter.

Y’a pire, croyez-moi sur parole,

Que l’ennui qui, certes, vous étiole :
Rester, toujours, face à tout, planté !

Illustration : Camille Lesterle, 18-19 janvier 2014

mardi 7 janvier 2014

L’HAÏKU DU PENDU

La connerie éclipse tout de façon momentanée.
Mais son écho est durable…

LE BOUSIER BOUSCULÉ

Petite fable affable

Ça s’invective sur le sentier.
Un bousier et un bélier s’accrochent
En mots bien sentis, gros et entiers.
L’ovin a des petits yeux tout croches ;
La petite bête, une voix moche.
« Ôte-toi de là, vil paresseux,
Je me dois d’aller couvrir mes belles !
- Laisse-moi passer, vil crasseux !
- Tu morgues mon suint, vain rebelle ?…
C’est sueur de travailleur, Pisseux !
- Oh, quel labeur !… Faire agneau et laine.
- Prendras-tu jamais autant de peine ?!
 - Gaffe : prends-le de moins haut, Mon Grand !
- Sois moins bas, futile irrévérent !
- Pas avec les butors qui m’indignent !
- Je sers, moi… Et toi, insecte insigne ?!
- Toi, tu ne sais que braire et brouter…
Sans moi, tu irais les pieds crottés !

Ne juge pas inutile ou couleuvre
Celui dont tu ne sais travail ni œuvre. »

EN ROUTE POUR… ATTENDRE

Assise, seule, clope au bec,
J'espère, j'attends et je guette.
Mâchant bonbecs. Clouant le bec.
Ma place m'est une échauguette,
Face au temps qui court, sans diguette,
Pas arrangeant,
Aux vies sans sel ni malaguette
Nous engageant
Dans des journées un peu longuettes.


Assise, seule, clope au bec,
 J'espère, j'attends et je guette.
En buvant trop. En buvant sec.
Je regarde, de ma guinguette,
Passer là un monde en goguette
Et tous ces gens,
Homme au boulot, fille à braguette.
Tous indigents,
Ils vont, vains, avec leurs baguettes…

J'espère, j'attends et je guette
Vos contingents ;
.J'espère, j'attends et je guette,
L'œil indulgent.

dimanche 5 janvier 2014

HAÏKU FAIT ?

Contrarier les fous ?
Ça les rend dingues !

EN ROUTE POUR… LA CRÉOLITÉ

Je suis créole, Européenne
Mais née plus loin, dans un ailleurs,
Dans ces marges caribéennes
Du continent des orpailleurs
Vanté par les écrivailleurs,
Cette Amérique
Qui fait rêver pillards, pilleurs,
Et chimériques
Qui s'y feront simples cueilleurs.

Je suis une Panaméenne,
Fille de hasard d'un pourvoyeur
En esclaves et d'une Achéenne,
"Noble" employée par un bailleur
De fonds un peu carambouilleur.
C'est l'Amérique !
Mère me vend aux chamailleurs,
Aux hystériques,
Et me loue aux pacotilleurs.

Je suis, dans leurs yeux déshabilleurs,
Si féérique,
Et, dessous leurs doigts grapilleurs,
Bête lubrique !

JACQUOT & JEANNOT

Petite fable affable

« À soleil faillant, soyez à la maison ! »
Avait répété Madame musaraigne
À ses petits garçons, non sans raison
Car, avec la suie de la nuit, vient le règne
Des prédateurs, bêtes à plumes de tout poil.
Si les enfants écoutent, c’est proverbial,
Ils n’entendent, trop souvent, que ce qu’il veulent.
Pris par leurs jeux, hélas, Jacquot et Jeannot
N’ont pas vu venir la brune ouvrant sa gueule.
Ils rentrent tard. Se pressent. Courent, penauds,
Affolés par les ombres qui se boursouflent
Et  l’aile frôleuse des oiseaux de proie,
Effrayés par les cris provenant des bois ;
Frissonnants au bruit de leur pas, de leur souffle,
Ils fuient jusqu’au vent chahutant les cieux ;…
Ils sont chez eux. Ouf !… Houf !… Les guettent deux yeux.

Qui se pense arrivé, et qu’en ce bas monde,
Plus rien ne l’atteindra, sait-il ce qui le fonde ?

samedi 4 janvier 2014

HAÏKU BITUS

Qui n’a que sa peau sur les os risque,
en voulant sauver la première, 
De tomber sur l’un des seconds !

vendredi 3 janvier 2014

HAÏKU BIEN TENTÉ ?

Il y a trop d’églises pour qu’il n’y ait qu’une Église.

LE VEAU ÉGARÉ

Petite fable affable

D’un coup, la nuit tomba. Un petit veau pleura
Sa mère allée, sans lui, s’abriter à l’étable.
Envolé le troupeau, aussi, quand fuit, au ras
D’un horizon noirci, le jour rendu instable.
Se fiant à l’instinct qui ne trompe jamais,
Il partit à rebours du chemin de traverse
Qui l’a conduit au pré. Il erra. N’en put mais.
Un loir qui l’avise aux sanglots qu’il déverse,
Le remet en chemin et là, joie !, des lueurs
Semblaient le conduire tout droit, non sans sueur,
Vers cette ferme où on l’attend et on l’espère.
La nuit avait croqué jusqu’au dernier repère.

Luciole ou ver luisant, les hôtes du chemin
Le rassérénèrent. Il se laissa conduire
Comme mis au licol et tenu par la main
Ferme de son fermier. Qui donc pourrait lui nuire ?
Il n’avait qu’à suivre, peu ou prou, cette voie
Éclairée par chance, où il n’avait rien à craindre.
Il marchait sans question ni souci on le voit,
Sûr que son gîte allait, en bout de route, poindre.
Ah, la tranquillité d’âme d’un être droit
Et simple en proie, tout d’abord, au désarroi.
Le sentier était long, ses buissons indociles,
Mais les lueurs rendaient son parcours plus facile.

Ainsi ce veau perdu allait cahin caha,
Trottinant, paisible, vers ses douces pénates.
Du moins le croyait-il, jusqu’à ce que, béat,
Il se retrouve dans une voie étroite,
Si étroite qu’il ne pouvait se retourner.
Il allait reculer. Une voix amène
Résonna dans son dos. Il ne put discerner
Qui lui parlait : « Eh oui ! c’est là que le chemin mène.
Tu viens de bien loin mais, marchant d’un bon pas,
Tu nous arrives à temps : juste pour le repas ! »
Ainsi un chien errant le dévora sur place,
Dans la nuit profonde et sombre qui toujours glace.

Toi qui encore cherches
 Un certain « bon chemin », il n’est pas toujours celui
Qu’autrui, tendant sa perche,
A balisé pour toi en un trop beau circuit.

EN ROUTE POUR… LES NUES

Certes, je regarde les nues
Mais leur préfère le corps nu,
Habillé d'ombres, d'ingénues
Aux charmes généreux, charnus.
Cet aveu paraît malvenu,
Ou saugrenu,
Je goûte aussi ces survenues
Au corps menu,
Dévêtues, offertes aux nues.

C'est beau, un corps sans retenue.
Celui de ma Belle, connu
Certes, aux formes maintenues,
Celui, aussi des inconnues
Détendues, aux courbes ténues.
Suis-je chenu
Devenu, d'aimer peaux grenues
Jusqu'au ténu
Et fille aux poses convenues ?

Est-ce un maladie reconnue ?
Mal biscornu ?
Ce serait, là, déconvenue
En continu !

mercredi 1 janvier 2014

HAÏKU PEU DE CHAMP’

Je vous la souhaite prospère mais rimée !

LES DEUX ERRANTS

Petite fable affable

Deux routiers autour d’une borne causaient.
De même stature et d’un âge identique,
L’un d’eux avait un visage tout creusé
Par la fatigue et, pis, son corps ascétique
Semblait implorer un repos mérité
Ou souhaiter quelque halte salutaire.
« Quand je pense que je dois, sans fatuité,
Faire demain cent bornes à pied sur la terre
De ces chemins, je me sens bien vieux et las !
-  Moi aussi. C’est ce kilométrage-là
Qui m’attend, dit l’autre, frais, rosé. J’achève,
Aujourd’hui, ma première centaine. Un rêve !

- Comment fais-tu ? Mes premières cents lieues,
Sur la route, m’ont paru interminables !
- Le temps ne me fut pas clément mais, si Dieu
Le veut, demain ce devrait être tenable.
- Tu parles ! reprend le premier trimardeur.
Les chemineaux, toujours, n’ont que des nuages
Pour ciel de lit et rôdeurs, ou maraudeurs,
La boue pour bottes, la pluie pour habillage !
- L’ami, le pire n’est en rien assuré
- Ni le froid, les chiens ou les pierres acérées,…
- Ce que tu souffris hier, peut ne plus être !
- Mais, chaque matin, et sans fin, vient renaître…

- Vêtus de vent, nous sommes globe-trotters…
- Et quêtons, de ci de là, notre pitance.
- Grâce à une bonne âme ou au Créateur !
- Mais reste, quand même, à bonne distance
Des celles qui encagent gueux et mendiants !
- Qui choisiront, plus tard, seuls, la route à suivre !
- Demain m’inquiète… et on lui est obédient.
- Il me donne, à moi, la force de poursuivre :
Chaque soir, je regarde ce qui j’ai fait
Et m’en trouve, bon an, mal an, satisfait.
Toi, tu ne vois que ce que tu as à faire
Ou a subit ; cela tend à te défaire ! »

ANNABELLE

Je ne suis en rien un sujet,
Dans ma robe en surjet
Je suis une belle rebelle,
Qui n’a besoin d’aucun berger.
Gare à toi rebut de poubelle,
Je pourrais creuser ta tombelle :
Je ne suis pas à partager !
Car, digne fille de Cybèle,
Vous n’êtes pas dans mes projets
Et moi, mieux, pas dans vos budgets,…

Changez de sujet, de trajet,…
Et laissez mes cheveux de jais
Je suis une belle rebelle.
Je ne vais pas, pour vous, me changer.
Je suis pire qu’une corbelle
Aussi prompte aux libelles
Qu’aux pierres qui s’envoient d’un jet,
Qu’au vieux lancer de l’escabelle.
Vous ne m’inspirez que rejet
Avec vos gueules de rougets !

Douce au toucher, souple au bouger,
Sculptée à la gouge, au gorget,
Je suis une poupée, une belle,
Qui chante, au soir, comme le geai.
Je ne suis pas brebis qui bèle,
Ai des vertus en ribambelle.
L’Amour ne m’est pas étranger
Mais, digne fille de Cybèle,
En rien une femme-objet.
Avis aux croches et aux rogers !