Petite fable affable
« Je suis très optimiste quant à l’avenir du pessimisme. »
Jean Rostand
Certains faits, dit-on, parfois, ne sont pas affaires
Quoique ce que l'a fait ne soit pas à faire…
Dans la bergerie, rien ne va plus
Quoique ce que l'a fait ne soit pas à faire…
Dans la bergerie, rien ne va plus
Entre les chèvres nouvelles venues
Et les bons vieux ovins, eux du cru,
N’aimant guère étrangères parvenues.
Ces moutons ne comptant, contents,
Que sur eux-mêmes pour s’endormir
Et sur leur maître pour tout le restant,
Lui reprochaient fort, jusqu’à en vomir,
D’avoir mis en son cheptel ces caprins
Au poil vain et long, aux cornes trop droites ;
Pis ces êtres, capricieux un brin,
Piteux en lait, portaient barbiche étroite !
Pire ces bicornes ont des rejetons,
Des sauvageons haussant par trop le ton
Face à l’aversion de nos moutons
Qui les rejettent, ces vieux croûtons.
Tout aussi insupportables les uns
Que les autres, ils ne supportaient rien :
Tout regard était menace de Hun
Et tout mot insulte de vaurien !
« Qui veut te foutre dedans, fiche-le
Dehors ! » disait-on chez les moutons ;
« Qui te déteste ou te morgue, hais-le ! »
Du côté de ces chèvres entendait-on.
Le temps passant, on se barricadait
Moins dans le camp des laines torsadées
Comme dans celui des poils encascadés.
Las, quelques chevreaux, sots, embrigadés
Par un puits de science du coin
Qui ne donnait que vase et eau croupie,
Voulurent faire un jour un coup-de-poing
Divin, contre des ovins assoupis,
Oubliant que les abois des chiens,
Quoiqu’ils fassent, au Ciel jamais ne montent
Car il préfère la paix - c’est pas rien ! -
Au fiel qui mène au meurtre, à la honte,…
Les moutons refusant de se laisser
Brouter la laine sur le dos, blessés
Dans leur orgueil se sont donc abaissés
À châtier, excités ou pressés,
Les caprins, tous des traîtres à leur goût :
Chez les bêtes, nanties ou claquefaims,
Quels qu’en soient les suites ou le coût,
Une haine en chasse l’autre, sans fin,
N’y eût-il que quelques brebis galeuses
Cachées parmi les chèvres à punir
La vengeance étant la plus scandaleuse
Des fausses raisons poussant à s’unir.
Hélas, la haine est toujours une chaîne
Qui, jusqu’à son extrémité vous entraîne ;
Et à son bout se trouve… votre cou.
Qui donc y perdra le plus pour le coup ?!
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