Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 1 janvier 2015

UNE MUSARAIGNE MÉRITANT DES BEIGNES ?

Petite fable affable

Tout petit animal ladre et mesquin,
Museau tout effilé et gueule d’apôtre,
Une musaraigne, pour son saint-frusquin
Garder, fuyait les siens : « L’enfer, c’est les nôtres !
Prétendait-elle. N’en déplaise aux pasquins ! »

Elle n’était pas d’un commerce facile,
Toujours à vouloir, faisant tout pour pouvoir
Arrondir plus sa bougette trop gracile
À ses yeux ; elle y conservait ses avoirs :
Pécule en pécunes et grains, las, fossiles.
Elle était affairée, jamais déférente,
Du soir au matin et du matin au soir,
À tout et à chacun fort indifférente,
Elle amassait, thésaurisait sans surseoir
Quand elle n’accumulait pas, effarante.

Elle avait emmagasiner de quoi nourrir
Tout le champ mais réunissait davantage.
L’argent est un bel outil qui, sans discourir
Trop, fait souvent de la mauvaise ouvrage :
Il avait dérangé son esprit à le pourrir !

Renard voit dans cette manie très étrange
De capitaliser sans rien voir autour,
De rassembler de si énormes vendanges,
Une victime sans pareille alentour
Pour ses appétits valant ceux de phalanges.
Il se rend donc chez ce moissonneur hors pair,
Mais à la voir, là, si agitée et si maigre
Pour faire chère, elle avait trop peu de chair.
« C’est pas une affaire la pisse-vinaigre ! »
Il la regarda jouer du bec, du flair…

Puis lassé, pour ne plus voir la tête folle
Qui s’affamait à étancher ses besoins,
Levant son cul et son camp pour plus frivoles
Mais dodues bestiaux, il partit plus loin,
Ronchonnant, bougon, pour l’autre mariolle :
« Que l’on soit tourneboulé ou impavide,
Une vie avide tourne vite à vide ! »

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