Petite fable affable
Un berger faisait paître son troupeau
Au fin fond d’un pré, jouant du pipeau.
Surgit, auréolé de poussière,
Un gros quatre-quatre que rien n’effraie :
Ruisseau trop boueux, buissons bien fourrés,
Fondrières du chemin de pierre,…
L’auto s'arrêta près de ce berger ;
En descendit celui qu’elle hébergeait.
Un citadin, peu urbain, dont la mise
Sentait le bel et bon goût garanti
Tel que le conçoivent les mercantis
Et ceux qui ne mouillent pas leur chemise.
« Dis-moi mon brave, apostrophe l’arrivé,
Peut-on jouer avec toi en privé ?
- Dia ! puisqu’on ne peut l’éviter, j’écoute.
- Si je te dis, là, combien de moutons
Tu as dans ton troupeau, Vieux croûton,
Ai-je le droit d’en prendre un pour la route ? »
Le berger opine, sûr de son fait.
L’autre part à sa voiture, en défait
Tout un gros arsenal informatique
Et, fol et fier, tape ça, rentre ci,…
« Vingt-quatre brebis, fit celui-ci,…
Y compris la vieille paralytique. »
Notre berger doit s’avouer vaincu
Et laisse à l’autre, contre nul écu,
Le soin de choisir lui-même la bête
Gagée et gagnée dans ce bref pari ;
Il semblait plus amusé que marri.
Puis le pâtre reprend le tête-à-tête.
« Eh, si je devine votre métier
Me rendrez-vous mon animal entier ?
- C’est requête que j’aurais pu prédire ! »
Persuadé que l’Ancien ne pourra
Jamais y arriver sans embarras
L’autre homme accepte, cela va sans dire.
« Vous êtes un “expert” et, partout, sur tout,
Faîtes des audits. » dit notre risque-tout.
L’autre est pantois : Comment est-il possible
Qu’un vieux cul-terreux dans un bled paumé
Ait pu le démasquer et l’empaumer ?
Le pasteur eut un rire irrépressible.
« Mon jeune ami, c’était facile, en vrai :
L’arrogance imbécile pour livrée,
Vous débarquez sans qu’on vous y invite,
Vous prétendez une réponse m’apporter.
Ai-je question posée, sans vous heurter ?
Mieux j’en savais la solution et, vite
Ai pu voir que vous ne connaissez rien
À mon boulot : vous avez pris mon chien
Pour trophée au lieu d’une des ouailles !
La lumière va plus vite que le son,
Aussi certains brillent comme un tesson
Jusqu’à ce qu’ils ouvrent grand leur bouche :
Là, on prend la plus froide des douches ! »
Là, on prend la plus froide des douches ! »
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