Petite fable affable
Couard, le canard, pour le coup, resta coi ;
Lui, si bavard, ne savait plus dire quoi.
D’ordinaire, il meublait toujours le silence
Par le néant de ces réflexions qu’on lance
Pour monter ce qu’on sait et doit ignorer…
Ou ce qu’on ne sait et peut subodorer.
Ce sot avait causé au coq de ses poules,
Qui cherchaient aventure ailleurs, ces maboules !
L’autre qu’un rien émeut mais qu’un peu atteint,
Visé par des propos qui, fût-il hautain,
Ne touchaient pas que lui en rougit de rage :
C’était, à sa virilité, un outrage !
Les jalousies, au poulailler, se nourrissent
De peu mais ne digèrent rien, prédatrices.
Le coq rossa d’importance le cancanier
Qui jura que ces mots étaient les derniers.
Sauf et le coq au loin, il joue des rectrices,
Le bec décloué, prêt à se renier,
Il se plaint haut et fort qu’on le muserolle :
« Il me donne tort d’avoir raison. Sagouin !
- Si tu ne peux, fit une oie, tenir parole,
Dieu, sous peine de mors, tiens ta langue au moins ! »
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