Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 9 juin 2022

LE SERPENT QUI S’EN REPENT

Petite fable affable librement inspirée d’un conte indien

La fortune est joueuse, le hasard capricieux.
Comment croire en un destin serein sous ces cieux ?
C’est ce que pensait le village
Quand s’installa, sans façon, un audacieux
Serpent à ses entours ; l’être mal gracieux
Ne fut, las, que mort et ravages.

On se plaignit de sa vile inconduite alors
Auprès d’un vieux brahmane qui parlait d’or
Et ce, aux hommes comme aux bêtes.
Tancé, le reptile promit de s’amender. Or,
Il garda ladite bourgade pour décor,
Courant par fougères et herbette,
Devenu pour tous inoffensif et passif.

Les villageois en devinrent des plus agressifs
Avec cette longue chiffe molle :
Les cailloux jetés, les quotidiens poncifs
Et les quolibets le rendaient fort dépressif :
Il fit peur,… il n’est qu’un mariole !

Il alla au brave brahmane, à son tour,
Et reprocha au vieux sage sans détour,
Son nouveau sort, peu enviable.
Là, l’autre lui déclare : « Mais, sombre autour,
Je t’ai demandé de ne point mordre alentour,
Ni d’embrasser, impitoyable…
Pas d’arrêter de siffler ni de te dresser.
Il faut cela pour que l’autre t’estime assez !

- Mais à quoi servira, Grand Maître,
Qu’on se conduise ainsi, à se harasser,
Si “l’autre” sait que ce n’est que le menacer,
Que la Mort ne va pas paraître ? »

L’entelle les ouït, de la partie se mit :
« Sûr !… Si tu ne veux que ton aura s’anémie,
Ni périr de façon abjecte :
Ne frappe que pour te défendre, mon ami,
Jamais le premier et jamais à demi,
Mais cogne et, lors, on te respecte ! »

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