Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 4 décembre 2025

HAÏKU DE MÂLE

Charge mentale : Bah, sans débat, le bât des porteuses de bas !

RIDEAU SUR LE MONT RIGAUD

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau,  17 novembre 2024

Entre cendre et boues, l’aube a mis sa palette 
Aux bruns et son nuancier aux tons merlette.

Aux plis de la brume, le vitrail éteint
De l’aube bistre a fui les feux du matin.

Non, pas de jour qui brûle dans la chaudière
D’une aurore étincelante de lumières ;
Juste un drap voilant les ombres du décor
Et un dais moins sombre avec lui en désaccord.

Entre cendre et boues, l’aube a mis sa palette
En berne et son pinceau est morne aux voilettes
Froissées qui fument des sienne, des châtains,…
Car l’aube a fui les feux follets du matin.

Non, pas de jour qui brûle dans la chaudière
De lueurs chauffées à blanc !… Bis aux bruyères,
Juste des plans sculptant le lointain, raccords
Et un dais encore avec lui en désaccord.



mercredi 3 décembre 2025

HAÏKU DE CARTES

Le bridge, c’est la belote des riches.

LE TEMPS DES FÊTES

Marrons glacés marrons grillés
Il nous revient le temps des fêtes
Qui fait tourner toutes les têtes 
Et les yeux des enfants briller

Marrons glacés marrons grillés
Ils guettent mine insatisfaite
Aux toits les cheminées les faites
Avec l’espoir au cœur chevillé

L’hiver d’ennuis déshabillé
Devient une saison parfaite
Marrons glacés marrons grillés

Couronne et sapin sont prophètes
D’une ère sans nul trouble-fête
Marrons glacés marrons grillés

mardi 2 décembre 2025

HAÏKU MOI

Pourquoi me dit-on que j’ai de beaux restes alors que je suis, toujours, en tout et pour tout, un être des plus entiers ?

CIEUX GRACIEUX

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau,  7 novembre 2025

Le ciel est de miel et d’ambre
Et, pourtant, c’est déjà novembre.

Au miroir de la rivière
Se mire, tête première,
Un bois noir encore endormi
Que Carpo dévêt à demi
Sous une pluie de lumières
Venues des terres vanillères,
Dans une impression accalmie
Qui pousserait à la prière.

L’aube timide chauffe peu
Le païen sauve-qui-peut
Du noir de ces soirs de passage.
Lors courant lent et rides sages, 
S’éveillent dans l’éclat sirupeux,
Pour l’heure étincelles et paillettes,
D’un matin dont le temps feuillette
Tous les instants, peu à peu.

Tout est beautés, tout est silence,
Loin de l’humaine pestilence.
En tournant sa face au levant,
L’onde dialogue avec le vent
Léger comme l’air qui balance
Encore entre entre jour et nuit,
Sans trouver une ombre d’ennui.

Le ciel est de miel et d’ambre
Et, pourtant, c’est déjà novembre…



lundi 1 décembre 2025

HAÏKU D’PINCEAU

L’abstrait c’est du concret en devenir.

LE BOUFFON DU BEFFROI

Petite fable affable

Miséreux, contrefait, le bouffi du beffroi 
Fait toujours fuir d’effroi, par temps chaud, par temps froid,
Patriciens et bonnes gens de la plèbe urbaine,
Leurs enfants effrontés pourtant comme moineaux.
Que sorte sa face de gargouille au créneau,
Et les punaises de sacristie crient leur peine ;
Les  poux de tonsure alors ne sont plus que haine.

« Mais quel mal a-t-il donc fait pour être si laid ? »
Murmurent les palais ; « c’est bête à marteler
À grands coups de galets ! » susurrent les chaumines.
Hérétique, sorcier ou juif ? Les langues vont
Bon train, le bourgmestre menant le bataillon
Et l'orchestre des sains clapets à bonne mine
Huant ce bonnet à grelots, cette « vermine » !

La peste frappa le bourg malgré le tocsin,
Tuant jusqu’à ses saints, n’affectant le malsain.
Face aux divins arrêts la justice des hommes
S’empara de ce fou : « Qu’as-tu fait de ta vie ?

- Rien, je le crains et, las, crois bien qu’on me l’envie.

- On la passe à suer, nous, pour l’honneur de Rome,
Et à prier, sans fin, en bon pépin de pomme.
Toi tu vis d'aumône donnée, de pain mendié
Dans quelque vieux trou par charité octroyé.

- C’est peu ! fait le fada que milles peurs tenaillent.

- Mais trop pour ce que tu es utile à ce bourg.
On te donne ce qui s’achète à grand débours
Et t’offre ce qui se gagne quand on travaille !
C’est injuste pour qui paie la dîme et la taille.

- Vous m’en voulez d’être libre quand, aux fers,
Vous êtes aux servitudes volontaires offerts ?
Regrettez-vous piété et pitié ?… Madone,
La jalousie guide vos rancunes et rancœurs !
Allons, moi le simplet, je n’ai à moi qu’un coeur.

- Qu’au divin courroux, à l’ire céleste on donne
Pour qu’enfin, de t’avoir choyé, il nous pardonne ! »

On sonna ainsi le glas de ses jours par feu
Et flammes sans qu’il plaise, hélas, à leur Bon Dieu
D’éloigner son fléau pesteux de cette ville
Où des pauvres reprochent à un vil miséreux,
Que Nature avait fait encor’ plus malheureux,
Le tant maigre bien que récoltait sa sébile
Et ce qu’il moissonnait des mains les plus civiles.

La convoitise nous fait perdre humanité
Et, dans les pires maux, toute fraternité…

samedi 29 novembre 2025

HAÏKU DUR

Tout ce qu’on fait est difficile au début, compliqué au milieu et incompréhensible à la fin.

LA PROLIXE RATE PROLIFIQUE

Petit fable affable

En tout lieu, en toute chose, la quantité
Ne fait en rien la qualité
Et nous l'allons montrer sur l’heure.

Une rate se dilatait
De rire quand, toute alitée
Qu’elle était, alors que la savane s’apeure,
La lionne est grosse des œuvres de son époux ;
Y a de quoi mettre les bouts !
Mais elle, elle accourt vers cette future mère,
Comme une dératée puis elle joue l’amère :
« C’est misère que de n’avoir
Qu’un petit à mettre au bavoir,
Quand des bêtes, hélas, bien plus viles
Ont, comme moi, sujet servile,
Par portée, bien… douze petits
Croyez que c’st par sympathie
Que je viens et, prou, vous console,
Moi qui en suis à sept mises bas cette année ! »

Ainsi dire est se condamner
Mais tuer une rate… où serait la gloriole ?
La reine matoise répond
À cette faiseuse de capons
Sans autre forme de procès : « Madame, 
Merci de tant compatir à mon « drame ».
Je n’aurai qu’un enfant, c’est « irritant »
Et il faut plus de cent jours de grossesse
Pour qu’à mes yeux enfin, là, il paraisse.
Mais lui sera lion… non proie plus vile que taon ! »

jeudi 27 novembre 2025

HAÏKU AU CHŒUR

Quand le vice paie, la vertu coûte !

MA RIVIÈRE AU RÉVEIL

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 03 novembre 2025

Emportée enfin, la nuit partie sans retour,
Laisse le ciel, sur des flots au flambant sillage,
Dans un instant ardent valant tous les toujours,
 Aborder nos rivages.

L’empyrée déchiré se cherche un nouveau port
Dans la rivière qui rougit des avances
 Éblouissantes d’un matin tout en transports,
En éclats de jouvence,…

Ce miroir troublé d’un éphémère troublant,
Dont l’onde se ride là où l’aube se mire,
Avive la lumière du jour né, tremblant
Où les nues s’admirent.

Aussi éclatante que brève, l’aurore est d’or
Et puis de flammes ; l’air comme l’eau elle embrase
Faisant des rêves et sommeils profonds, chers trésors,
À la parfin, table rase.

Tout s’allume,  jusqu’au lointain
Qui resplendit dans l’éther léger comme plume,
Puis s’estompe le point d’incandescence atteint,
Ce jusqu’à fleur d’écume.

Le temps suspend son vol pour un fort bref moment,
Lui qui court son cours et, sans fin, son fil dévide,
Fuyant on ne sait quoi, on ne sait qui, dément
Comme une tête vide.

La beauté se dissipe comme fait parfois l’ennui,
Lentement s’adoucit. S’éteint. Enfin s’efface.
Tel un parfums qui embaume pourtant s’enfuit,
Laissant traces tenaces.


De ces points du jours ne restent que souvenirs
Fugitifs de beautés fugaces qui soupirent
Et auxquelles les mots peuvent quelque avenir
Offrir quand elles expirent !



mercredi 26 novembre 2025

mardi 25 novembre 2025

HAÏKU DE COUPS

« Coûte que coûte » ?…  Ça vaut ce que ça vaut !

RIDICULE

Petite fable affable

Dans le tréfonds du parc du château de Versailles,
Une Luciole, tous les soirs, vaille que vaille,

Éclairait le monde des bêtes de bon lieu
Au point de passer pour un demi-dieu
Aux yeux des plus laborieux, fourmis ou abeilles,
Car sa lueur, au labeur, aidait à merveille.

Enivrée qu’on l’idolâtre, la mouche à feu
Décide que tous ces animaux de bien peu
Ne la méritent plus tant elle brille,
Il lui faut devenir la banderille
De lumière du plus étincelant des rois.
Elle fuit le jardin pou la Cour. Et tout droit.

Par chance, on festoie là-bas plus qu’on ne sommeille.
Elle a beau scintiller, brasiller sous les treilles,
Elle indiffère avant d’agacer,
Puis d’être ridiculisée assez.
Et c’est le Roi-Soleil qui clôt son vain manège
D’un coup de mouchoir qui était blanc comme neige.

Il vaut mieux être Grand chez les Petits,
Toujours, qu’insignifiant chez les nantis…

dimanche 23 novembre 2025

HAÏKU D’EMPRUNT

Le principal n’est pas sans intérêt.

VOTRE OBLIGÉ QUI NE S’Y SENT PAS OBLIGÉ

Ceci n’est point, non, une préface ordinaire
Et encore moins, las, un propos liminaire
C’est juste un merci à la lectrice, au lecteur,
Qui n’a pas en horreur les versificateurs.

Cet incipit est ma marque de gratitude
Car je vous suis bien gré de fuir les platitudes
Qu’on offre pour ravir l’âme et combler l’esprit
De qui sait de l’écrit le drame et tout le prix.

Je chante les plaisirs et les mœurs d'un autre âge
Sacrifiés au « progrès » qui règne sans partage,
À une « modernité », je crois, sans foi ni loi.

C’est donc ouvrage de fort mauvais aloi
Que j’aimerais, quand on l’a lu, à le relire
On se plaise pour faire encor’ vibrer ma lyre.

vendredi 21 novembre 2025

HAÏKU D’OXYMORE

L’ingrat finit toujours par faire maigre.

SI ON NE VEUT PAS Y LAISSER DES PLUMES

Petite fable affable

« Quelle plume ! » faisait-on à un auteur
À la mode après un opus fort flatteur
Et qu’il disait écrit « au fil de la plume »
Avec une modestie digne d’un gros volume.

Mais la rémige, en son encrier, le sut
Et s’en rengorgea prou quand elle aperçut
La page encor’ blanche dessus l’écritoire.
« Tu m’en contes plus que ton poids !… C’est notoire
Tu es légère mais tu sembles avoir plus trempé
Dans le fiel que dans l’encre, et plus qu’en lampées.
Intervint le chandelier bougon qui volait 
Dans les plumes de ces voisins feux-follets.
On se calame, bon bec !… Tu n’es que barbes
Et tu te crois étendard, fleur de joubarbe !
Amie, ce qui t’a sortie de ton néant 
Est un rimeur à la main habile
Sinon tu serais ornement de séant
Ou bien penne perdue, bref chose inutile.
Si, parfois, il accuse l’outil de faillir
C’est bien l’ouvrier qui fait l’œuvre jaillir ! »

jeudi 20 novembre 2025

mercredi 19 novembre 2025

HAÏKU AUX TRIPES

Qu’importe si l’Amour est aveugle s’il reste sourd et muet à son sujet.

UN BIEN BEAU JOUR…

C’est un bien beau jour pour flâner en ville
Et y promener un indélébile
Sourire alors qu’y règne le gris
De vos habits de vieux mistigris,
Le triste de vos regards hostiles
Jetés sur vos vies biens rabougries
À l’ombre de vos pas infertiles.

C’est un bien beau jour pour défier,
Les portes de nos cœurs gros décloses,
Nos destins de futurs gougnafiers
Coursant des heures toujours moroses
À la quête de quelque « autre chose »,
À la recherche des sources taries
Du bonheur dans des charivaris,
Des plaisirs que désirs overdosent.

C’est un bien beau jour pour s’enivrer,
Libres d’façon peu coutumière, 
L’esprit et l’âme enfin délivrés,
De vaguer dans des rais de lumière,
Refusant nos routes coutumières,
Loin des paradis artificiels,
De l’artificieux des sombres ciels.

Oui, c’est un bien beau jour pour, chance !,
À son pas et, tout en nonchalance,
Arriver gentiment jusqu’au soir,
Cet éteignoir de tous vos espoirs,
Avec des petits airs qui entêtent
Des rêves éveillés, des bons vouloir
Et un soleil d’été plein la tête…

lundi 17 novembre 2025

POUR L'HAÏKU C'EST LONG !

L’immortalité, à la fin, ça s’éternise un peu, non ?!

N'EST-CE QUE ROME ANTIQUE ?

Petite fable affable

« Les valeurs qui ont la république allumé,

Dans l’Empire, hélas, se dissipent en fumée.
Déjà, partout, le dieu qui a créé les hommes
Contraint tous les hommes qui ont créé des dieux ;
La vertu appelle le soupçon dans tout Rome
Quand, pire, le vice est récompensé. Odieux
Est ce temps aux sages, aux penseurs : nos temps antiques
Sont donc en toc, aux mains de tiques sans éthique. »
C’était ce qu’avait gratté un grave stylet
Sur une tablette auprès d’une lampe à huile.


L’auteur, au style ancien mais en rien ampoulé,
Terminait son pamphlet par ces mots fort habiles :
« Pour moi, Jupiter m’est témoin, un vent mauvais
S’est levé : mon esprit semble prendre la fuite
Et c’est donc à quelque autre d’écrire la suite
Des hauts faits et méfaits en ce monde arrivés. »

« La torche du bon sens éclaire bien ces phrases,
Et le flambeau de la vérité les embrase ! »
Dit la lampe fière que la lumière vint
De ses efforts pour qu’écrivain touche au divin.

« Oh le plaisant falot ! répliqua la tablette
Ce n’est qu'à moi qu’échoit l’honneur de conserver
Ces mots… Ta part ira croupir aux oubliettes.

- Mais c’est moi qui les ai, pour la postérité,
Gravés ! » fit le stylet, gonflé de fatuité.

On sut la teneur de ces propos peu amènes
Et puis on jeta leur père en geôle inhumaine.
Aucun des complices qui l’assistèrent, là,
Ne s’en vantèrent et, de cela, furent soulas.

C’est fou combien, en ce monde, on a de compères
Inopinés quand vont poindre quelques lauriers 
Et combien il nous en fault, bien qu’on les espère,
Si notre beau destin, hélas, est contrarié…

samedi 15 novembre 2025

HAÏKU PERPLEXE

Comment prendre la vie du bon côté alors qu’elle ne se présente à nous que d’une seule façon ?!

PREMIER BAISER

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 12 novembre 2025

Carpo n’avait pas fini de vêtir les nues
Ni de déshabiller la futaie roussissante
Qu’un froid de marbre s’invite, l’air ingénu,
Pour nous offrir, d’un coup, son étreinte glaçante.

Les hommes et la nature sont déjà en deuil
Dans le silencieux et floconneux manège.
Les frimas précoces ne sont pourtant qu’au seuil 
Des jours gelés mis dans un suaire de neige.

Entre les ténèbres ombrées des bois de sapins 
Et l’obscurité des vallons, les heures sombres
Semblent arrêtées quand les vents hurlent un chant lupin.

Ce tombeau maussade, éclatant dans la pénombre,
Sera fleuri de lumières, au Noël proche
Qui embaumera de joies ce blanc sans reproche.



jeudi 13 novembre 2025

HAÏKU NE RIT ?

Nos dirigeants confondent trop souvent mutisme et silence.

SOYONS CONSÉQUENTS

Petite fable affable

Toute la Gaule, hélas, est battue par Rome
Qui y impose ses langue, droit et lois.
Elle y dépêche aussi, en masse, ses hommes
Y instaure sa monnaie de bon aloi,
Y installe ses dieux et enfin son mode
De vie, moins « sévère », surtout plus « commode ».

C’est ainsi, ma foi, qu’agissent les vainqueurs
En terre conquise et ainsi les Gauloises
Et les Gaulois plient tous, mais pas de bon cœur :
Ils se font donc Gallo-Romains depuis l’Oise
Jusqu’à notre Aquitaine… et même au-delà.
Et nul n’échappa aux toges, aux falbalas,…

Installé en notre pays de cocagne,
Depuis belle lurette, un celte étranger,
Vivant là avec ses enfants et compagne,
Qui avait toujours tout fait là selon seul gré
Et à son goût sans que jamais ça dérange,
Lui aussi aux règles romaines se range.

On s’en étonne ou bien on est circonspect
Mais lui, il répond lors sans faire l’anguille :
« Qui, avec les barbares veut vivre en paix,
Et ne pas risquer la peau de sa famille

Devra, las, bafouiller avec qui bégaie

Et clocher avec les boiteux, aux aguets. »

mardi 11 novembre 2025

HAÏKU DES COPINES

Qui est pauvre en vécu est trop souvent riche en conseils.

LE VILLAGE

Dans le petit matin nu, tremblant,
Parmi les ombres crépusculaires,
Les coteaux froids jaunissent à blanc 
Aux feux fanés d’une aube célère
Qui ignore les coins que la nuit
Baigne encore de suie et d’ennui,…

Par les frimas venus l'effeuiller,
Décontenancé, un gros bras d’arbre
Balaie un ciel lointain, endeuillé
Où, vers l’horizon resté de marbre,
Fuit la fumée bistre des toits
Que couvre un hiver blanc, matois.

De bise fouettés, cailloux gris
Des chemins à l’abandon s’effacent,
S’oublient taillis au bois rabougris.
Las, tout ici engloutit nos traces
Et nos vies, à la morte saison
Qui enterre jusqu’à nos maisons…

dimanche 9 novembre 2025

HAÏKU AU CASQUE

Réfléchir ?… Je vais songer à y penser.

MISONS SUR LE BON CHEVAL

Petit fable affable

Dans quelque cité de Grèce d'Orient
Vivait un vieillard qu'on disait fort brillant,
Homme entre les hommes, tout d'intuitions
Mais resté dans son humble condition.
Cet Ancien-là était antiquité
Menaçant ruine mais sa sagacité,
Car il n’était pas un mauvais cheval,
Était recherchée, amont comme aval.
Ce sage possédait pour tout savoir
Une vie passée à entendre et voir.

« Mais cette rossinante est un tocard !
Étalons se fient-ils à un briscard
Qui ne fut las qu’un vil cheval de trait
Pour qui le trivium était sans attrait ?
C'est même pas un cheval de retour :
Un vieux bourrin ! » C’est ainsi, sans détour,
Qu’un rhéteur novice, pauvre en vécu 
Mais prou riche en conseils, avait vaincu
L’aura du Vieux auprès des plébéiens
À qui le doyen ne voulait que du bien.

Ce jeune tribun était à cheval 
Sur ses bons principes et si son rival, 
Certes, avait du bon sens, lui il savait 
Les grands auteurs et, chez eux, se servait
Les citant d’abondance ; l’orateur
Était chez ses pairs un maitre étalon.
Ses connaissances en disaient bien plus long
Que ses discours, soufflaient ses zélateurs.
Or, un jour une haquenée de bon lieu 
Eut une fièvre de cheval, Grands Dieux.

L’Ancêtre, consulté, préconisa
Un remède idoine mais sans le visa
Du savant que faire ?… Notre cerveau,
Intervint, monta sur ses grands chevaux.
Paraphrasant Caton et Cicéron,
Invoquant Ovide et même Néron,
Il prouva - son dada ! - par « a » plus « b »
Que le mieux à faire, sans regimber,
Était… de ne rien faire. Et la jument
Trouva la mort râlant et écumant…

Fuyons, au loin et en choeur, cette engeance
Qui confond « culture » et « intelligence » !

vendredi 7 novembre 2025

HAÏKU L’ÉTAL

Vis ta vie comme si c’était un miracle non une malédiction.

IL EST DES MOTS…

Dans un monde qui tant change de peau
Faisant brouets spartiates de propos
Il est des mots que l’on voudrait entendre,
Doux mots ou mots d’amour de l’âge tendre,
Au-delà du bon temps, sans trop attendre,
Pour le ressort de nos heures distendre…

Dans un temps qui n’est qu’instants et moments,
Offrant gruaux frugaux de sentiments,
Il est des mots convenus, bienvenus,
Quand on a le cœur cabossé, à nu,
Que les vents mauvais chassent au creux des nues
Nos chansons, et nos plaisirs tant menus…

Pour tous les Hommes astreints à ce ragoût
De langues de bon bois jusqu’au dégoût,
Sont des mots d’espoir jetés en sébile,
Des éclats de soleil indélébiles
Ouvrant des horizons lors volubiles…

Dans une société où est bouillie
Une langue en bafouillis, cafouillis,…
Il est des mots qu’hélas on ne dit plus
Qu’il faut taire et, pire que l’on exclue,
Condamnant l’oreille et l’âme au reflux…

mercredi 5 novembre 2025

HAÏKU POUR COUP

Je ne prête mon oreille qu’à qui me donne la parole.

LA ROME DES HOMMES

 Petite fable affable

Le camp a froid. Le camp a faim.
Même si la nuit vient, enfin,
Elle ne sera pas repos ni somme
Pour la légion de la lointaine Rome.

Elle campent là pour la grandeur
Et la gloire de vains glandeurs,
Vivant dans le luxe et dans la luxure
Sans blessure, eux, mais tout en bouffissure,
Dans des palais défiant les ans
Et que l’on enviera longtemps.
Parmi des oisifs tout à leur service
Ils donnent libre cours à tous leurs vices
Loin des boues des pays atteints,
Des champs de batailles incertains
Car ce ne sont las que des hommes
Ceux qui composent les légions de Rome.

Il est aux civilisations de grands traits,
- Que ce soient mode de vie, belles pierres,… -
Qui, à les voir de près, ressemblent au lierre

Car ils ruinent ce qu’ils semblent parer.

lundi 3 novembre 2025

HAÏKU PARLANT

Les volubiles sont sourds aux silences et aveugles à la nuit.

FIÈVRE ARDENTE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 18 août 2025

Cette année, l’été a le sang chaud et le ciel,
Hémophile, après nous avoir piqué un fard,
Épanche là sa sève de sang, avec art,
Au-dessus de forêts encore encore riches en niels.

Des nuages acajou s’éveillent à ces merveilles
D'un vermillon cramoisi, et dans un air salin,
Les hôtes du lointain, neuf, purpurin, s'éveillent.
Fichées sur la toge pourpre des cieux corallins
Aux nuances carmin, des fibules rubis
Et grenat qu’hélas dégraferont l’opalin
Du petit matin qui se refuse, tout alun,
Aux garance, à l’amarante même en nuances
Qui ourlent de vermeil et de carmin son habit
Comme aux cochenille et cinabre fulgurances.

Cette année, l’été a le sang chaud et le ciel
Et la brise attisent ces braises qui, tout cafard,
S'enfuient au-delà d’un horizon jamais blafard
À cette heure qui se refuse aux tons mercuriels.



samedi 1 novembre 2025

HAÏKU EXISTENTIEL

Il est plus difficile d’exister sans vivre que d’être sans paraître.

LES MATOUS DE MADEMOISELLE

Petite fable affable

Une ménine, pas des vieilles de chez nous,
Mais une infante de l’Espagne sans burnous
Avait deux gros chats blancs. Pas semblables. Identiques.
Nul, hors la donzelle, sans le sain viatique
D’un collier ne pouvait savoir qui était qui
De ces minons, minous, minets. C’était à qui
Y perdrait au plus tôt son latin chez suivantes,
Duègne ou préceptrices en choses prou savantes.

« Elle se moque de vous ! » fit, un jour, la reine
À ces désespérées jetées, las, dans l’arène
De l’ire lassée de sa fille qui disait :
« Me trompes-je, moi ?!… Il faut réfléchir non jaser. »

Sa Majesté même ajouta pour leur complaire :
« Laissez-la donc à ses enfantines colères ! »

La princesse l’entendit : « Qu’est un monde où l’enfant
Sait mieux que l’adulte qui l’éduque en piaffant :
Qui voit les couleurs de tout a bien moins de chance
Que celui qui, grâce à Dieu, perçoit leurs nuances ! »

vendredi 31 octobre 2025

HAÏKU DE LIME

Un centre carcéral n’est en rien un juste milieu !

L’ÉTÉ QU’ON DIT « INDIEN »

 

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 24 octobre 2025

L’automne jette ses feux sur l’azur pâli,
Embrase, flambeur, nos horizons à l’hallali
De l’été qui s’enfuit. Les frondaisons s’allument
À la rousse saison malgré les voiles de brumes.

La forêt flamboie entre les ormes vêtus d’or
Et les érables couvert de sang, dont s’endort
Peu à peu la sève, entre le pourpre des chênes
Et les pluies d’ambre des trembles et des saules en peine.

Ramées et feuillaisons sont braises ou tisons ;
Là, peuplier fauve ou bouleau blond éclairent
Le vert profond des résineux qui, en grisons
Que rien ne touche, gardent leur robe fière.

L’automne lance ses flammes vers des ciels ternes,
Nus, désensoleillés, qui désormais nous cernent
- La belle saison rayonnant sous d’autres lunes -
Puis feuillée mordorée se fera bronze et brune.



mercredi 29 octobre 2025

HAÏKU DU PROTOCOLE

Parce qu’ils ne sont pas les premiers venus d’aucuns arrivent toujours en retard.

LA REVANCHE DU RONGEUR

Petite fable affable

Un rat vint à un souriceau dépourvu
De tout. Ce monsieur raton, un m’as-tu-vu,
Voisinait avec le pauvret car la fortune
Se joue parfois de nous, farce commune.
Matin, il porta au petit rongeur 
Un panier plein d’ordures, sans rougeur
De honte : « C’était pour le vidangeur,
Mais je sais que, toi, tu sauras en faire 
Provende. Je t’offre donc ces affaires ! »

Quelques jours après le traine-ruisseau
Frappa chez son bon voisin riche à sceaux
Avec le panier, propre et plein de roses…
L’autre voyant ce don lui fit; morose :
                    « Pourquoi, mon ami ?!

- Parce qu’on offre 
Plus ce qu’on a au cœur que dans ses coffres ! »

Si on veut t’humilier, sans peur ni pleurs,
Dis merde à qui t’abaisse avec des fleurs !

lundi 27 octobre 2025

HAÏKU GAGNANT

Quand il est question d’argent, ceux qui prétendent s'en occuper le moins s’en mêlent le plus !

TOUT JUSTE UN AN !

Nos douze mois défilent en farandole apprise
Et en saisons qu’une ronde bien folle a prise…

L’hiver frileux remit le couvert :
Décembre pervers nous prit sans vert ;
Si Janvier ne nous fut que revers,
Février para de vair nos vers.

Puis la bise s’en fut, chassée par une brise
Qui, Surprise !, prit nos heures grises…

Pour que le printemps nous vienne à temps
Mars mit quelques verts sur nos instants ;
Certes Avril se fit pâle, hésitant ;
Mais Mai prit la relève, insistant.

Vint le temps des cerises, du bon air qui grise
Et défrise un azur pur, dès lors sans reprise…

Donc l’été fut opportunités
Car Juin gai nous a bien gâtés
Puis Juillet n’a été que beautés ;
Août ne nous a offert que bontés…

Las, pour ces heures éprises, et parfois qu’on méprise,
L’emprise des vieux vents mauvais vint, par traîtrise…

Et l’automne a fauché nos douceurs,
D’un Septembre encore jacasseur
À un Octobre tout en rousseurs
Pour un blanc Novembre aux froids chasseurs.

Ainsi danse le temps sur lequel on n’a pas prise…
Et voilà comment on prend un an, Belle Marquise,
Nos douze mois défilant en farandole apprise
Et en saisons qu’une ronde bien folle a prise…

samedi 25 octobre 2025

HAÏKUN’CON

Ceux qui gardent le mieux leur porte fermée ouvrent toujours trop grand leur gueule !

LE BUDGET RÉVISÉ

Petite fable affable

Le roi Glouton avait pour grand ministre
Raton laveur qui n’était un cuistre
Mais qu’il prenait, hélas, pour un bouffon ;
Ceux qui règnent avec mépris ainsi font.

Un jour, il fallu renflouer les caisses
D’un État fort mis à mal par la laisse
Des courtisans et, pis, encore à court
À cause des vieux singes bien en cour.
Glouton voulut contributions nouvelles
Affectant favelles et gens de javelles.

 « Sire, ne viens pas vous féliciter.
Votre édit est une incongruité !
Fit le rongeur affidé d’un air sinistre.
Avez-vous bien regardé nos registres ?
Qu’avons-nous à gagner à ponctionner
Nos bons retraités désillusionnés,
Les moins favorisés, les plus malades,…
 Pour panser le Trésor qu’a la pelade !

- C’est que ceux-là sont bien moins redoutables
Qu’enragés ne songeant qu’à l'abordage
Des sentiers ; avec barricades parfois.
Bien que pour les calmer j’ai moults perdreaux ,
Maints corbeaux sachant contrer leurs haros.

- Jusqu’à ce que ces ballots, las, comprennent
Que tes vouloirs à eux aussi s’en prennent !

- Et puis, tes vieillards vont bientôt crever
Pourquoi donc de les spolier se priver ?
Si ces inutiles courent à l’émeute,
Je lâcherai sur eux mes hordes et meutes :
Les petits et les insignifiants,
Jamais ne seront bien terrifiants !

- Tu es, certes, leur seigneur et leur maître,
Sois leur “saigneur”, tu te feras démettre.
Tous ces faibles, tu les veux miséreux ;
N’oublie jamais : ce sont les plus nombreux ! »

vendredi 24 octobre 2025

jeudi 23 octobre 2025

HAÏKU’RIR LE GUI EST DOUX

« La crise de la quarantaine » consiste à courir la prétentaine après trente ans !

VIEUX ?

Ma mie, on n’est jamais trop vieux
Pour se regarder dans les yeux
Et s'écrire quelques poèmes
Qui, tous, finissent par « Je t’aime ! »
Avec moins de flammes ce peut
Mais avec tout autant de feu.

Ma mie, on n’est jamais tant vieux
Pour ne pas aller sous les cieux,
Main dans la main, toi, toute en grâce,
Finir ce doux chemin qu’on trace
Désormais certes à pas plus lents,
Mais toujours avec de l’allant.

Ma mie, on n’est jamais trop vieux…
Et même si on est, au mieux,
Que deux corps qui n'ont plus d’âge
Nous refuseront le naufrage :
On se refera des printemps
Pour freiner la course du temps !

Ma mie, on n’est jamais tant vieux
Pour devenir graves et bilieux :
Dans le paix de nos soir tièdes,
Jusqu’au dernier mot, sans nulle aide,
 Goûtons, sereins, un chant d’oiseau,
Le parfum des roses en arceaux…

mardi 21 octobre 2025

HAÏKU SANS LIMITE

Je suis tellement à part qu’on me laisse volontiers de côté…

L’ABEILLE DE L’ABBAYE

Petite fable affable

Bruissante et vrombissante une abeille
Solitaire qui a fui sa ruche, veille
En un riche et prospère couvent
Toujours bourdonnante cette abeille
Dérange offices, prières et veilles
Ou importune les desservants.
Bref, elle tue le silence austère
De notre brave et bon monastère.

« C’est une créature de Dieu.
Il faut s’en prémunir sans odieux
Procédé ni mortel stratagème ! »
À décrété le Père Abbé, vieux
Et donc sage comme nos aïeux.
« Point de violence ou de blasphème.
Dieu éprouve notre patience
Notre foi et notre clairvoyance ! »

Et face à la bombillante abeille
Toutes les issues, lors, on surveille,
Délaissant obligations, devoirs,…
En vain. Puis on arrache les treilles
Qui attirent, hélas ,ces bêtes à merveille.
Pour rien. Ensuite, on scelle, pour voir,
Les fenêtres et condamne les portes.
Chou blanc !… Par nos monts, certains rapportent
Qu’excédés les moines ont aveuglé
Trous de serrures. Sans rien régler.

Parmi leurs bouteilles et leurs corbeilles,
Les deux mains se bouchant les oreilles,
Nos saints encasernés par leurs soins,
Moururent en compagnie qui réveille :
Une bruissante et vrombissante abeille
Qui ne cessa de faire du foin…

Il y a toujours faille ou fissure
Pour qui veut chez soi vivre vie sûre !