Il est des beaux parleurs qui sont de mauvais conteurs.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
mardi 15 avril 2025
CHÂSSES DE RIGUEURS
Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 11 mars 2025
L’oeil froid et lointain d’un Père austère
Jette un regard sur nos hivers sévères.
Il est que nuageuse bouderie,
- Iris brouillé, cils engourdis -
Qui larmoie rosée givrée et glace
Sur ma forêt de froideurs jamais lasse.
Ce coup d’œil d’un Dieu inaccessible,
Semble implacable, quoique impassible.
Il gèle le bec, glace le sang
Alors que s’ennuie le temps languissant,
Insensible à nos bien trop humaines
Intempéries de catéchumènes.
lundi 14 avril 2025
dimanche 13 avril 2025
RONDEL DES ADIEUX
Toute fin n’est qu’au-revoir
Ce jusqu’à l’adieu suprême.
Les portes claquées de même
Que les « Va te faire voir ! ».
Pourquoi donc tant s’émouvoir :
Tout final n’est qu’un carême ?
Toute fin n’est qu’aux-revoir
Ce jusqu’à l’adieu suprême.
Dernière fois sans avoir,
Et ruptures sans problème,
Ce jusqu’à l’adieu suprême,
Sont de fermes « Va savoir ! » :
Toute fin n’est qu’au-revoir…
samedi 12 avril 2025
vendredi 11 avril 2025
ARRIÈRE-SAISON
Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 23 octobre 2024
À la saison fraîche et flamboyante,
Foins fauchés ou moissons faites, orée
Effeuillée des bois, nues mordorées,
Annoncent l’année qui va, finissante.
L’aube est nimbe, aura fluorée
Aux reflets d’améthyste fuyante,
Qui se joue des rousseurs jacassantes
Éveillant un ciel bronze et pourpré.
jeudi 10 avril 2025
mercredi 9 avril 2025
HAÏKU ANTI-VOLTAIRIEN
L’oisiveté éloigne de nous trois grands maux : le travail, la fatigue et l’argent.
MAUVAIS AUGURE, L’OISEAU ?
Hommage au passage au Grand Charles…
Cœur angoissée, corps cassé, ailes froissées
Je me sens albatros aux plumes poissées,
Sur l’océan noir de vos vérités, je plane,
Porté par des vents où peu d’espoir on glane.
Je sais que le gros du grain m’attend. Mais où ?
Mais quand ? J’ai bien peur de glisser dans vos boues
Sur cet air du temps qui corne comme bugle,
Tout en trous, tout en remous, tout en remugles.
Comment rester indolent à ces abîmes amers
Qui attendent sur terre, dans les airs, en mer,
Pour connaître, quelque matin, veule et gauche
L’âge d’or du nouvel enfer qui s’ébauche.
Maladroit et honteux, votre chantre ailé
Ne sait marcher au pas, pieds emmêlés
Par vos promesses de fer, de feu, infirme
De la rime quand ses affres se confirment.
mardi 8 avril 2025
lundi 7 avril 2025
EH BE… !
Cycle toulousain
Aux guignes jolies, sans guère de nostalgie,
Jusqu’à l’heure où l’on mouche hélas la bougie,
Elle allait aux respounjous, aquelo femno.
Abandonnant son feu et quittant ses fourneaux.
Elle en trouva, dit-on, des vertes et des bien mûres,
Par les combes et les pechs. Les genoux mascanhés,
Toute estabournido. La chose est des plus sûres.
Courant l’étamine et le pistil à suées,
Elle revenait le corps éreinté, Petite,
Au soir, avec le cœur retourné, en faillite.
À confesse, le ritou nostre, pas plus fâché,
La soulagerait tout pareil de ces péchés
Pour jouir du paradis, couillou !, les joues rougies.
Le plaisir, le gésir n’ont point de stratégie
Quand tu vas aux respounjous !… Este couilleto,
Fil de puto !, y eut bel et bon dos bientôt.
Jamais sadoule, elle passait de la houlette
Du berger, macarel, à l’alerte aiguillon
Du bouvier. Miledious, comme ça bâchelette
Ne manque pas de ces coureurs de cotillon,
Jules en marcel tâtant du tétin qui se rêvent,
Comme on verse son sang à le faire de leur sève.
Élevée tant tôt à l’école du gémir,
On peut choper marrane ou se faire périr.
Non pas elle. Y avait-il là quelque magie ?!
Biche gracile ou facile nuit au logis !
Aller aux respounjous, aussi. Pour lui couper
L’envie, on avait travail à pas la louper.
Les harengères qui n’aimaient pas l’amoureuse
De l’Amour libre, avaient travail à l’embrenner
En songeant souvent à une saillie savoureuse,
Aux païres de bouffas qu’on pouvait lui donner
Pour te la dresser,… et à tot aquo pour qu’elle s’avise
Pas d’y revenir qu’il souffle brise ou bien bise.
C’étaient les hommes, pas titous, qui revenaient
Tou drets plutôt que de se tailler, aux nénés
De la drolo qui s’est jamais assagie…
Et des guignes jolies n'eut pas la nostalgie i
dimanche 6 avril 2025
samedi 5 avril 2025
SIDÉRANT SIDÉRAL
Sur une toile d’Elisa, décembre 2024
C’est l’éther étal, l’espace de glace
Vide plein de vie qui tant parle aux cœur ;
Un temps sans durée qui fort entrelace
Les célestes couleurs et fait de sons choeur.
C’est mouvement lent mais perpétuel
De fractions froides, fragments de fractales.
Ces particules et parties, jeux cruels,
S’épousent et se puis repoussent, létales.
Cette marge immense et, je crois, sans marges,
Sans distance, il faut que j’y fasse voile :
Limites et bornes font prendre le large.
Aux champs magnétiques à fleur d’étoiles,
vendredi 4 avril 2025
jeudi 3 avril 2025
DE RETOUR PARMI VOUS !
D’après Michel de Montaigne (De l’exercitation, Essais, II, 6)
Les sens engourdis, je gis là, comme un mourant,
Frappé par ce suppôt de maréchal-ferrant
Qui m’a visé les tempes.
Mais quoique fort brouillés, ils s'accrochent à la vie.
Cependant c’est sans goût. Et sans réelle envie.
Prêts à lâcher la rampe.
Au long d’un temps soudain plus lent, mais sans ennui,
J’ai l’impression d’être plus proche de la nuit
Que de la vie, me semble.
Sans prou d'apitoiement. Mon âme, veilleur
Fatigué, flotte jà vers un meilleur ailleurs.
Pourtant, point je n’en tremble.
Ma vie ne me paraît plus retenue qu’au bout
De mes lèvres muettes et de mon cœur de boue
Qui trop lentement cogne.
Mon esprit s'enfuit au coin du vide voilé
De mon regard vieux, qui vous paraît en allé.
.Je ferme les yeux. Grogne.
Je prends plaisir, oui da, à me laisser aller.
À m’alanguir ainsi. Tout faible et affalé.
Dans le sommeil, je glisse.
Une fuite sans rêve. Un départ en douceur.
C’en est presque un délice…
Je me laisse couler vers l’inconnu qu’on sait
Nous attendre et, sûr, auquel on ne veut penser.
Songe presque agréable.
Ce serait une mort heureuse. Sans mentir.
Des moins pénibles aussi. Ah, m’anéantir
Sans dol, c’est incroyable !
Je viens à reprendre enfin quelques forces. Hélas.
On croit à un miracle… On me voit en Atlas…
Je regagne la rive
Du jour… Je n’en sentis que douleurs de martyr…
J’en fus si malade que je pensais mourir
Mais d’une mort… plus vive !
mercredi 2 avril 2025
mardi 1 avril 2025
COMME LORS D’UNE ÉCLIPSE…
Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 25 février 2025
À travers une jalousie d’ombres noires
Et la résille de givre nacrée
Que la nuit, au miroir des patinoires,
A sculptée à vif et puis ancrée
Aux nues qui grisent, reflets et merveilles,
La lumière d’un éveil en veille.
Ce matin, l’aube, hélas s’est prise aux lacs
Du verglas ou bien aux rets d'heures ternes
D’un jour chiche, en berne, sur la track.
Comme une lueur de sourde lanterne
Qui ne met en relief que chatoiements,
Brillances et clarté en poudroiement.
lundi 31 mars 2025
ÇA FANGE TOUT !
Ostie, ça y est : c’est « la bouette » !
Frimas et froid mie ne fouettent,
Se calment les girouettes
Et s’en reviennent alouettes
Pour chamailler les marouettes.
On reprend houe et serfouette ;
La vie sort de sous sa couette.
Crisse, ça y est : c’est « la bouette »
Qui embrène les barouettes
Et qui nous crotte jusqu’aux couettes
En remplumant, jà, les chouettes ;
Ici, s’creusent des jouettes ;
Là parulines pirouettent…
Ostie, ça y est : c’est « la bouette » !
De l’été vient la silhouette
Et, avec quelques biscouettes,
Les apéro-cacahouètes
Nous crient, crues, à cran, les mouettes.
Là, foin d’ennui, Tabarouette !,
Et d’solitude en calfouette !
dimanche 30 mars 2025
samedi 29 mars 2025
RESTONS PRUDENTS !
Petite fable affable
À une vieille souris, sa fille a dit :
« J’aime bien le chat mais déteste la poule !
- Le Chat, malheureuse ?! Mais tu es maboule !
Répond sa mère. C’est un fourbe, un bandit,
Un larron sans vergogne… Notre famille
N’en a que bien trop souffert de celui-là.
Courtises plutôt la cocotte, ma fille !
Elle ne nous fit point de mal. Loin de là ! »
Ce qui fut fait. Hélas. Car la souricette
Périt, d’un seul coup de bec. Malencontreux.
Le mal est partout. Il fait bonne recette
Chez les doucereux, de fait plus dangereux.
vendredi 28 mars 2025
jeudi 27 mars 2025
LA BONNE FORMULE
Allumez, un beau matin, la peur
Pour qu’elle chauffe comme terreur,
Un bûcher mêlant sottises, ignorance,…
Jusqu’à faire bouillir, mettre transe.
Attendez, mais sans baisser le feu,
Que la chose distille un grand peu.
Vous aurez un concentré de haines ;
De celles qui, vite, se déchaînent.
C’est recette qui, avec diligence,
Met le monde à bout - Là-bas. Ici. -
Éradiquant toute intelligence,
Fraternité ou démocratie…
mercredi 26 mars 2025
mardi 25 mars 2025
HAÏKU DE FATIGUE
Je suis de ceux que le travail vite ennuie et que le repos lasse tout aussi rapidement.
DOUÉ, LE ROUÉ !
Petite fable affable
Un pie borgne avait commerce
Avec un vieux chat et le berce
De promesses s’il accepte enfin,
Pour éradiquer cette verte faim
Qui les tenaille, d’avec elle
S’associer : « Ta ruse et mes ailes
Seront alliées et feront
Ravages dans les environs.
À rester seuls on ne carnage
Plus assez en prenant de l’âge !
- Je te le cède, l’oiseau : mains
Qui aident sont, sans examen,
Plus sacrées, pour moi, que lèvres
Qui prient, soient-elles tout en fièvre.
Mais je sais aussi, par la vie,
Que les caresses des chiens
Donnent des puces et que l’envie
Fait accaparer bien des biens :
Il vaut mieux rester solitaire
Trop de Mal hante ciel et terre ! »
lundi 24 mars 2025
dimanche 23 mars 2025
ÈRE VOLCANIQUE
Thème du printemps des poètes 2025 : les volcans
La terre tremble, fume et fort se calamine.
Vue d’enfer : le monde danse sur un volcan !
Sous des ciels de cendres, les sols sont craquants,
Grondent dessus le magma qui bout et fulmine.
Incandescent, il nous souffle ses gaz soufrés.
Des nuées ardentes étendent loin leurs ramures
Alors que des oiseaux de bien mauvais augure,
A sombre plumage, au sinistre ramage, effraient.
La planète est un Pompéi en devenir,
Moribonde, toute en scories sans avenir :
Volatil y est le temps. La vie sans panache.
La lave coule en nos veines et tout espoir gâche.
Par Vulcain, le monde danse sur un volcan !
L’éruption viendra… mais personne ne sait quand.
samedi 22 mars 2025
vendredi 21 mars 2025
HAÏKU PAR DÉFAUT
Notre siècle est si pauvre d'esprit que la médiocrité devient un signe extérieur de richesse intérieure.
LA COCOTTE COURROUCÉE
Petite fable affable avec l’aimable complicité de Catherine Destrepan
J’avoue : plus ça vient, moins ça va
Au vieux pays du dieu Shiva.
Fort lassée que ses oeufs lui soient ravis, Poupoule
Décida sans quérir, ma foi, l’avis des foules
De les manger : « Ben quoi ?!… Ils sont à moi ces fruits
Que, là, seule, j’ai fait, non sans efforts ni bruit.
Et pourtant, moi, je ne dispose
Ni ne profite de ces choses ! »
La colère n’est pas de bon conseil, hélas !
Et le lendemain, sans plus de galimatias,
À peine l’œuf au nid, elle le gobe
Avant que la femme en noir ne le lui dérobe.
Elle recommença ce jeu, tous les matins,
Avalant, à peine pondu, son bon butin.
Sa maîtresse, un beau jour, s’irrite :
« Tu me refuses le mérite
De payer d’un bel œuf l’orge qui te nourrit ?…
Tu accompagneras, demain, mon plat de riz ! »
Mais Poupoule ignore la peur et les menaces
Sachant par trop que la fermière, fort tenace,
Appelle roupies tout labeur
Comme don chaque obole ou fleur !
jeudi 20 mars 2025
HAÏKU HORAIRE
Mon ordinateur veut sans cesse que je me mette à jour alors qu’il est le mieux placé pour savoir que j’en use surtout la nuit !
mercredi 19 mars 2025
LES MOINEAUX
D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 7 février 2025
Comme autant de notes de musique, perchés
Sur une partition que la neige fait arceaux
Quelques compagnons de l’hiver viennent chercher,
Faute de grain ou de ver, d’oubliés morceaux,
Claque-faims et pleure-pains depuis le berceau.
Les hirondelles courent, elles, au loin, aux tropiques
Où le temps, matin s’est s’arrêté en été
Et où le vent n’a plus rien à faire d’épique
Que, là, sans ennui et sans fin, les balloter
Dans un air nonchalant prompt à la vie dorloter.
Restent ces éternels mendiants, eux, aux livrées
Ternes, au vol parfois mal assuré, qui habitent,
Trimardeurs sans ardeur, dans nos airs, enivrés
Par le blanc désert où, quémandeurs aux subites
Apparitions, ces tristes meurt-de-faims subsistent.
mardi 18 mars 2025
lundi 17 mars 2025
DEUIL POUR DEUIL…
Petite fable affable d’après L’aigle & le Renard de Ch. Perrault (1628-1703)
Voici un conte gravé, jadis, dans le marbre :
Une pie fraternisa avec un blaireau
Qui avait fait son trou au pied du vieil arbre
Où était son nid, au faîte le plus haut.
La pie eut faim, une année de canicule.
Elle se régala des petits du voisin.
Lui, volant le feu aux mangeurs de fécule,
Brûla l'arbre, à la fois juge et argousin.
Alors les oisillons, tout rôtis, churent
Dans sa gueule. Il en creva d’indigestion
Tandis que la pie, bien qu’elle eût la dents dure
Comme un roc, de chagrin périt à la Saint Yon.
À prôner le Tallion, on ne gagne guère
Que peines redoublées, éternelles guerres.
dimanche 16 mars 2025
samedi 15 mars 2025
HAÏKU BIEN PENDU
Certains, vaincus, se retrouvent, dit-on, « la queue entre les jambes ».
Mais où pourraient-ils se la mettre ?!
À LA SAINT-MARTIN
L’été indien a pris un coup de froid.
Pas de crainte et encore moins d’effroi,
Sur la plaine, avant qu’il ne soit lurette
Dans leur robe que le soleil apprête
Les beaux jours nous reviendront
Bien que soit venu le temps de marrons,
Des noix, des potimarons et des pommes,
Prémices aux frissons des frimas en somme.
Oui, l’automne a gardé quelques chaleurs
Donnant, aux feuillées roussies, des couleurs.
Une lumière ambrée qui papillonne
Des parfums de sous-bois qui champignonnent
Nous disent qu’arrive le temps indolent
Où les heures, alenties, seront sans allant,
Que dans un dernier tournis d’hirondelles
Il faudra rallumer cheminée, chandelles,…
Puis les vents froidis déshabilleront,
Dans l’air fraîchi aux piques d’éperon,
Des feuillus s’effeuillant dessus des treilles
De lierre au vert insolent. Sans pareille,
À la croisée d’une trouée ocrée,
Sous l’arceau de la ramée mordorée,
Une biche fait chuchoter les feuilles mortes
Que nos pas font murmurer en escorte.
Les taillis débuissonnés, éclairés,
Ne gardent plus ce chemin égaré
Que je prends, aux heures encore sombres,
Mariant ombres nées et feue la pénombre,
Pour voir éclore encor’ la fleur rosie
De l’aube sur vos sommeils d’ambroisie,
Juste quand elle offre, aux nues qui s’éveillent,
Un jour qui fait s’envoler les corneilles.
Illustration : Elisa Satgé (novembre 2023)
vendredi 14 mars 2025
jeudi 13 mars 2025
HAÏKU D’ÉCRITS
Il avait une écriture bien soignée malgré une grammaire souffrante et une orthographe malade !
À CAUSE D’UNE CAUSETTE
Petite fable affable
Un bourdon que rien, en ce monde, n’apoltronne,
Offrait lors son bombillement aux ipomées.
Sans vraie faim, ces fleurs nivéennes il biberonne,
Affectant contemption aux bêtes désarmées
Qui l’avoisinent, à ses yeux, coquefredouilles
Et dignes de rester, dans leur quête, bredouilles.
Un pinson qui aime autant triller qu’étriller,
Gobeur l’interpelle : « Te faut-il grenouiller
En lac de suffisance pour croire briller
En morguant ainsi ton monde, ocieux gibier ? »
Le marmiteux l’oit : « Eh, c’est à moi que tu jases ?
Vrombit l’insecte. Voudrais-tu donc me causer
Quelque avanie ou, pire, hourvari par tes phrases ?
Que les cieux te patafiolent, couperosé
Laisse-moi labourer tout mon saoul et dégoise
Sardanapale de ton espèce, emprosé !
- Ça, pour saouler avec tes bruits tu nous soules !
Ne pourrais-tu pas tintinnabuler, bouboule,
Ou voleter en silence au lieu de faire houle,
Vil être chétif, comme la pire des foules ?
- Veux-tu que je te pique pour mieux ravaler
Ta langue et tes persiflages… Gare à ma rage !
- Va zinzinuler plus loin ! Ouste, du balai !
Toi si petit et moi si grand, quel vain courage
Faudrait-il pour faire combat ? Mais c’est fort laid,
Je te le cède, voire impardonnable outrage,
Que bouder ce que Nature va nous offrant,
Et ce matin où le soleil, las, n’est point franc
Elle me fait présent de toi, bruyant safran ! »
L’oiseau le goba sans trop de honte souffrant…
Ne discutons pas avec les puissants, ma mère
Car quels que soient nos atouts et nos arguments
Ils nous rendront raison, par une mort amère,
Et que nous ayons tort ou raison. Mêmement.
mercredi 12 mars 2025
mardi 11 mars 2025
PREMIÈRE SAISON
Le printemps ravive, ce matin, ses couleurs,
Nos rêves et nos espoirs d’une douceur nouvelle,
De jours enfin plus beaux, de civets, de civelles,…
Fraîche à peine partie, remisées les douleurs
Dans le vol d’un bourdon ou le nez d’un bourgeon.
Le ciel fait refleurir un azur sans pâleur
Aux vrilles revenues pour verdir les donjons,…
Et ça bruisse de vie sous les souffles frôleurs
Des rus crus aux champs nus, sans veau ni velle,
En passant par les bois qui de vert se tavellent.
Partout l’air s’agite d'insectes persiffleurs,
De trilles de siffleurs vaquant en sauvageons
Goûtant à la tiédeur comme aux tendres surgeons,
Au vert couvert de joncs, au soleil des ajoncs,…
lundi 10 mars 2025
dimanche 9 mars 2025
VAUT-IL MIEUX ÊTRE SEUL QUE MAL ACCOMPAGNÉ ?
Petite fable affable
Tout va toujours mieux lorsque l’on s’accorde :
Dans un même vert pâtis,
Placés sous le sceau de la concorde,
Un âne et un bœuf, à moitié parti,
Ne craignaient le loup. Ni seul ni en horde.
Pour des chardons, cette entente pâtit
Peu à peu et finit, donc, en discorde :
D’embrouilles en brouille, notre décati
Tout esseulé, vit, sur ses abattis
Fondre Lupin… Et sans miséricorde !
samedi 8 mars 2025
vendredi 7 mars 2025
ELLE AVAIT…
Elle avait ses voiles au vent
Et, vrai, ce qu’on vit…
Valait d’ère vu ;
Or, c était lors, pas souvent.
Nos fervents moulins à vent
Ont été servis :
À perdre la vue !
Vieux vantards qui vont crevant,
Veufs redevenus vivants,
Les voilà d’avis,
Comme m’as-tu-vu
Rêveurs, qu’i’faut, qu’avant l’avent,
Qu'l’entrevu soit à l’évent !
Elle avait ses voiles au vent
Volant à l’envi.
Vive l’imprévu,
Fût-on devant ou suivant…
Elle avait ses voiles au vent
Et ceux qui ont vu
N’avaient qu’une envie,
Les vents ravis les servant :
C’est qu’on revit
Ce qu’ils avaient vu
Eux, un peu auparavant,
Sous les volants de l’auvent.
Elle avait ses voiles au vent…
Préférant mauvis,
Je fus d’la revue,
C’mouvant valant cent divans !
jeudi 6 mars 2025
mercredi 5 mars 2025
HAÏKU'ILLES
Contrairement à ce d’aucuns croient, pour regarder les choses en face, il ne faut pas nécessairement être à genoux !
LE LIMAÇON & LES ABEILLES
Petite fable affable d’après Nicolas Grozelier (1692-1778)
Compère escargot, ce chaland si débonnaire,
Trouvait sa chère bien maigre et bien ordinaire.
Il veut dans une ruche se sucrer le bec
Et y ripailler comme on le fait à Balbeck.
Il s’y glisse, comptant bien que sa maison, close,
Le mettrait bien à couvert des traits de ces choses
Qu’on nomme abeilles et dont il ne savait ni l’art
Ni l’adresse quand il s’agit d’user du dard,
Surtout quand on force et envahit leur asile
Qu’elles défendent alors comme des crocodiles.
Dès le larron dans la place, on le pique et le bat,
En vain ; On le tire ou le pousse mais ce bât
Lourd, pour s'en défaire, on ne semble pas de force…
C’est là que l’esprit, enfin, du muscle divorce :
Les avettes ceignent ce triste sire, et puis
L’enduisent de bonne cire ; lors son appui
Colle au plancher dont mie il ne peut, catastrophe,
Se détacher. Et, le temps de faire une strophe,
Mourut de faim celui qui, la mine rieuse,
Voulait réduire à rien ces humbles travailleuses.
L’autre n’est pas toujours, quoi qu’on en croie, un veau :
Car qui joue des biceps a aussi un cerveau !
mardi 4 mars 2025
lundi 3 mars 2025
APERÇUES
D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 23 janvier 2025
L’âge apaise-t-il l’âme
Des nobles et vieilles dames
Qui sur nos tumultes jettent un regard ?
Leurs rideaux veillent-ils, par quelque hasard,
Sur nos troubles et nos trames ?
Depuis leurs croisées, dame !,
Et non sans vague-à-l’âme,
Elles voient le cours d’un temps, sans égard,
Filer vite, à laisser tout être hagard,
Sans que nul ne le blâme.
Par ces carreaux, Madame,
Elles qui furent femmes,
Ont vue sur une vie qui, las, sans fard,
Les oublie, mises à l’écart, au placard,
Comme l’est quelque infâme.
dimanche 2 mars 2025
samedi 1 mars 2025
FAISONS DES ÉCONOMIES
Petite fable affable
Au pays des rats, un rongeur avait bonne presse
Tant la réussite financière l’intéresse.
Lui, il la devait la sienne à son habileté
À tromper le fisc pourquoi donc vous l’occulter.
Le gouvernement ratier plus prompt, et ce sans vergogne,
À se servir de l’État qu’à bien le servir,
Le promut Grand Ministre, malgré quelque grogne ;
Ce qui obligea donc sa police à sévir.
Pour faire des deniers publics un bon usage,
Notre officier légiféra donc, au passage,
Contre tous les vils gueux qui osaient profiter
D’un trône fort fécond en libéralités,
Oubliant tous ses pairs qui, dans ces mêmes caisses,
Font, hélas, d’amples moissons que l’on amnistie.
Pour le bien de tous? Ainsi, et avec rudesse
Fit-il, usant de la justice comme outil.
Ceci prouve qu’en tout temps, en toute espèce,
Ce sont grands voleurs qui pendent les petits.
vendredi 28 février 2025
jeudi 27 février 2025
ON ÉTOUFFE D’ANGOISSE…
Inspiré d’Anna de Noailles (1876-1933)
On étouffe d’angoisse et pourtant on respire
Conscients de n’avoir pas encore vu le pire,
Qu’il est, hélas, d’autres cercles de notre enfer
À explorer en ce siècle de feu, de fer,
Pris dans le piège de mortels engrenages
Qui rappellent « naguère » et les plus cruels âges.
On étouffe d’angoisse et pourtant on respire
Alors que le Mal et l’horreur voient leur empire
S’étendre partout : fous hurlant dans des woofers
Leur haine, tout terreau devient mâchefer,
Et la peste, par nos villes et par nos villages
Revenue, contamine et sages et volages.
On étouffe d’angoisse et pourtant on respire
Sur une Terre qui fume, de sang transpire,
Sur le droit chemin des ruines et du chaos
Parmi des restes d’espoir, allant cahots-
Cahan, qu’a rejoint le vain attelage
Bras liés, mains coupées, d’une paix qu’on grillage.
mercredi 26 février 2025
mardi 25 février 2025
VŒU PIEU
Petite fable affable
En Campanie, sur l’acropole de Cumes
Qui, aux vains vents mauvais, écume de brumes,
Se trouvait l’antre d’une Sibylle usée.
Dans le tuf brun, une galerie creusée
Menait à la chambre où vivait cet oracle,
Prêtresse d’Apollon. Hasard ou miracle,
Elle écrivait ses prophéties sur papier
Que le vent transportait, en bon équipier,
Le long de ce couloir - Ah, le beau spectacle ! -
Jusqu’à l’entrée où chacun les épiait.
Adonis avait offert à cette femme
De réaliser son doux rêve secret
En retour de sa dévotion, corps et âme,
De prêtresse. C’était échange concret.
Elle voulut vivre autant d’années, coquette,
Que de grains de sable, elle, elle pouvait tenir
En sa main. C’était là presque la conquête
De l’éternité qu’elle allait obtenir.
N’ayant pas demandé au dieu l’éternelle
Jeunesse, hélas, notre belle jouvencelle
Vieillit dans son office en voyant passer
Les ans, de douleurs et de maux harassée,
Jusqu’à tomber, un triste jour, en poussière.
Il ne subsista, en la sombre tanière,
Que sa voix d’augure, qu’on disait lassée,
Pour poursuivre son sacerdoce passé.
Ils sont parfois bien plus cruels tous nos dieux
À exaucer plus qu’à ignorer nos vœux.
lundi 24 février 2025
dimanche 23 février 2025
SEREIN
D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 22 janvier 2025
Une vapeur descend, une vapeur monte,
Dans un décor vert au calme reposant.
Ici, je me coupe du monde, sans honte,
M’oublie et ignore l’Autre, si présent.
Une vapeur descend. Une vapeur monte.
Cette écume a quelque chose d’apaisant
Pour se reposer et se ressourcer à bon compte,
Pour reprendre haleine, vivre aux temps plaisants.
Une vapeur descend, une vapeur monte,
Me détachant des folies furieuses promptes
À vous rendre mal allant, toujours causant,…
samedi 22 février 2025
vendredi 21 février 2025
LE COUGAR COUARD
Petite fable affable
Dans une de ces prairies d’AmériqueOù hivers comme étés sont homériques,Où s’ébroue la jeunesse et où se joueLe destin du monde, un fauve acajouFait régner sa loi sans vraiment rien faire :Seulement paraît-il et, là, l’affaireEst entendue. Il est si gros, si puissantQue seul, peut-être, quelque bison paissantPourrait, las, lui tenir tête. Et encore.
Nul ne défie donc ce vil manticore,Alors qu’en fait, un rien le fait sursauterEt qu’il fuit même son ombre au débotté.Risquant de mourir de faim, cette pommeConsomme, en secret, charogne et fruits vertsChampignons trouvés sous quelque couvertCar il agit, en tout, comme fait l'Homme :La bête "veut" lorsqu’elle est sans pouvoirEt, quand elle "peut", reste sans vouloir.
Dans une de ces prairies d’Amérique
Où hivers comme étés sont homériques,
Où s’ébroue la jeunesse et où se joue
Le destin du monde, un fauve acajou
Fait régner sa loi sans vraiment rien faire :
Seulement paraît-il et, là, l’affaire
Est entendue. Il est si gros, si puissant
Que seul, peut-être, quelque bison paissant
Pourrait, las, lui tenir tête. Et encore.
Nul ne défie donc ce vil manticore,
Alors qu’en fait, un rien le fait sursauter
Et qu’il fuit même son ombre au débotté.
Risquant de mourir de faim, cette pomme
Consomme, en secret, charogne et fruits verts
Champignons trouvés sous quelque couvert
Car il agit, en tout, comme fait l'Homme :
La bête "veut" lorsqu’elle est sans pouvoir
Et, quand elle "peut", reste sans vouloir.
jeudi 20 février 2025
mercredi 19 février 2025
UNE VIE D’ENVOLS
Naître avec la rosée, sous les voûtes éternelles
Qui s’ocrent et se rosent à éblouir les prunelles,
Pour, sur l’aile du vent léger, nager au ciel
Parmi les fins parfums de sureau et de miel ;
Se griser des fleurs à peine écloses, mauves
Ou lys et, saoul d’azur et de lumière fauve,
Comme un souffle, effleurer corolles, étamines,…
Caresser et frôler des cœurs de carmin, d’hermine,…
À peine se poser. Partir et retourner
Aux nues crues, enivré de volupté. Tourner
Le dos au jour lassé qui, jà, devient morose
Et puis mourir, pâmé, quand fane enfin la rose…
Paon du jour en goguette (Poueyferré, août 2013)
mardi 18 février 2025
lundi 17 février 2025
UNE BONNE TÊTE
Petite fable affable
Dans Carthage, que la guerre avait ruinée,
Une bande de singes cherchait fortune.
En fouinant dans les décombres, la puinée
Des guenons trouva, grâce à un rayon de lune,
Une bien belle tête d’homme sculptée.
Elle s’en enticha. L’idée de quitter
Pareille beauté lui déchirait les entrailles.
Mais sœurs et cousines virent son trésor
Et, depuis lors, chez ces femelles, on ferraille
Et se dispute en hurlant toujours plus fort
Pour savoir à qui doit revenir cette tête
Qui, las, ne peut qu’éblouir la moins esthète.
Le singe qui dirige le petit clan
Doit mettre le holà car ça tourne vinaigre :
On se frappe et se déchire à belles dents,
Pour ce caillou cassé comme ferait pègre
D’hommes pour un magot : « Êtes-vous babouins,
Mesdames, pour si peu faire tant de foin ?
- Mais elle est si belle : je l’aime ! fait l’une.
- Ah non c’est moi, fait l’autre, je l’ai trouvée !
- Comment rester insensible quand chacune
De nous aspire à la perfection, troublée !
- Certes, elle est des plus belles, je le concède.
Réplique leur chef, mais, là, sous la pinède
J’en sais cent autres de ces mêmes beautés,
Bien vivantes et entières, elles, à qui, las, manquent,
Comme à ce crâne dont vous êtes rassotées,
L’esprit et le jugement, bande de branques !
Vénus et Apollon à vieillir seront prestes :
Comme le temps, beauté passe ; non le reste ! »
dimanche 16 février 2025
samedi 15 février 2025
FÉVRIER
Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 7 février 2025
Au mois blanc, la neige hélas fait vriller
Les bois dénudés d’un froid février,
D’immaculées mitaines les habille,
Si lourdes à leurs ramilles, à leurs brindilles.
Des haillons livides font oublier,
Que l’on n’entend plus sifflets et trilles.
La Nature semble entrée en sa coquille,
Au mois blanc.
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