Petite fable affable
À François-Joseph Terrasse Desbillonsc (1711-1789)
Un singe qui ne s’était mie vu en mare
Croisa, matin, son image en un miroir.
Il se faisait grande joie et tintamarre
Bien plus grand encore, et sans vergogne, à voir
Et moquer un personnage aussi difforme !
« Dieu, pour ainsi faire, n’était pas en forme :
Ce magot de personne n’est le trésor !
Qu’en penser si son esprit vaut ses dehors !
Fagotin aussi mal fagoté est faute
De la Création, non une simple erreur ! »
Il se gausse à s’en faire péter les côtes
Tant que vient à lui un rat un brin chambreur.
Le rongeur fit à qui n’est que railleries :
« Mais que nous vaut force liesse et brocards ?
Ce tableau mérite piques, dauberies,… »
La guenuche, c’est vrai, ne vaut pas un liard ;
Son ami le rat a de jolis traits, par contre :
« Serait-ce, laideron, ta prime rencontre
Avec le plus fidèle de tes portraits ?
C’est drôle, ce zigomar qui, dans la glace,
Ne sait se reconnaître et, pis, ne se lasse
De se moquer. Lors le doux mot d’« abruti »
Sied à la bête plus sotte que vilaine
Comme à l’engeance qui trop se dit “humaine”
Et ne se voit comme fable la décrit ! »
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