Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 9 décembre 2025

LE BERGER & SON TROUPEAU

Petite fable affable

Au déclin d’un beau jour, au versant d’un coteau
Où poussait, amère et rase, moderato,
Quelques touffes d’herbes, monte au cieux une plainte :
« Est-ce de ta bonté, Dieu, la divine empreinte
Que de nous avoir donné un pareil pasteur ?
Incapable ou distrait à la tâche, fort hâbleur
Et trompeur, il nous tond moins qu’il ne nous écorche
Nous offre bergerie moins souvent qu’un vieux porche.
Il fait de sa houlette hélas un vil gourdin
Et de son chien le plus terrible poulardin ! »

Au terme du ce jour, au sommet du coteau,
Où pissait, l’œil au loin, le triste zygoto
Qui faisait vivre ces ovins dans la crainte :
« Est-ce le signe, Dieu, de ta grandeur éteinte
Que d’offrir à un bon pâtre un cheptel râleur
Et ingrat, quand je le guide, même à la torche,
Le protège et l’unis. Oui, presque je le torche !
Du levant au couchant, entre serpolet et thym
Il désobéit et se rebelle, mâtin ! »

Princes, si le troupeau vous disconvient, sur l’heure,
Changez-en !… Croyez-moi : m’étonnerait qu’il pleure !
Peuples, si le berger tant vous nuit, dans l’instant,
Changez-le… même si espérer est tentant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire