CHANSON D’ICI… NÉE AILLEURS

En réécoutant Air Supply

Je sais jusqu’où poussent les sens

Et qu’un regard fait contresens ;

Je sais ces soirs tout en soupirs

Donnant des aubes où s’assoupir ;

Je sais l’invite et sa réponse

Et les mots qui font qu’on s’annonce ;

Je sais qu’il faut tenter sa chance,

Comment inspirer confiance,

Car je sais les phrases qui tuent

Les réticences court-vêtues ;

Je sais avec quoi faire rire

Et séduire sans même écrire ;

Et je sais l’envers des non-dits

Quand dépasser les interdits ;

Je sais que seront jeux nos joutes,

Un bout de route,

Qu’il n’y aura ni fleurs, ni pleur,

Ni, plus tard, regrets persifleurs ;

Car je sais sans l’ombre d’un doute,

Quoi qu’on redoute,

Oui, je sais que je t’oublierai

Dès qu’hélas tu m’auras viré…

Les sentiments sont en déroute

Dans cette boîte où on se broute

Aux lèvres sans penser au jour,

Sans, surtout, se parler d’amour

(Pas d’ça ici !)

Mais en faire les gestes,

(C’est ça ici !) 

Pour ne pas être en reste,

(C’est ça ici !)

Jouer les immodestes,

(C’est ça ici !)

Les amants pressés, prestes

(C’est ça ici !)

Et jusqu’à l’indigeste,…

(C’est ça ici !)

Et que rien n’nous en reste.

Je voudrais savoir fuir le temps

Sans le craindre même un instant

Et voudrais cette source

Où les cœurs abreuvent leur course ;

Je voudrais savoir la saveur

De ferveurs nées de faveurs

Et voudrais, peu à peu, connaître

Qui voudrait m’aider à renaître 

Et à l’espoir et au désir

Qui, seuls, prolongent le plaisir.

Je voudrais savoir désapprendre

Mes trucs, pouvoir surprendre,

Et voudrais n’être plus chasseur

Guettant proie et vain jouisseur ;

Voudrais savoir, pauvre diable,

L’émoi aimable,

Le trouble et les sensations,

Brefs les fruits de la passion

Qui font, un jour, perdre la tête,

Rendent poète ;

Oui, je voudrais me définir

Un souvenir, un avenir…

Mais qui sera à mon écoute

Dans cette boîte à louloutes

Qui ignorent le mot « toujours ».

Je voudrais connaître l’Amour

(Quoi, là, ici ?!)

Redécouvrir sa geste,

(Oui, là, ici !)

À petits mots modestes

(Pas d’ça, ici !)

Mais sans les maux funestes

(Quoi, là, ici ?!)

Pour toucher au céleste

(Quoi, là, ici ?!)

Et qu’ensembles l’on reste…

(Mais pas ici !)

Oui, qu’ensembles l’on reste…

(Très loin d’ici,…

(Oui, loin d’ici !)