D’après une œuvre de Camille Lesterle &
Consolation à M. Du Périer de François de Malherbe (1555)
Ma souffrance sera donc, hélas, éternelle
Dans ma vie au long cours,
Hantant mon esprit, mon âme brûlant, charnelle,
De nuit comme de jour.
La maladie des fleurs est sur moi descendue :
Morte avant mon trépas,
On m’ôte un pétale. Un peu de parfum perdu
Ne se retrouve pas.
Et Dieu sait que d’appas ma beauté était pleine,
Que nombreux s’y sont pris !
Mais le sort m’inflige la plus lourde des peines,
Se venge avec mépris
J’étais à la ronde la plus belle des choses,
Portant haut le tétin,
Au rose chair de seins, au velours de rose,
Doux comme du satin.
Ces charmes, leur fraîcheur,… me rendaient altière,
Surtout quand j’étais nue ;
Et voilà que j’en perds, malgré pleurs et prières
À tous les Dieux connus.
Serais-le encore femme ? Aurais-je plus que restes
À qui ont fait accueil
Par pitié moins que par amour dans une geste
Où ils seront écueils ?
Les regrets, la douleur qui désormais embarquent
Mon cœur voulant la mort,
Qui dans mes yeux, sur ma face, feront leurs marques
Ne scelleront mon sort !
Je suis et reste fleur, à bien d’autres pareille ;
Je ne peux le nier,
Un peu diminuée, mais embaumant les treilles,
Belle dans un panier.
Là, je me désole. Demain, je me retrouve
Et j’impose ma loi
Au carquois narquois d’un Éros qui, jà, recouvre
Flèches de bel aloi.
J’ai perdu un pétale et de ma confiance,
Partie en fins copeaux,
Mais je reste femme et garde ma flamboyance
Ignorant le repos.
Illlustration : Camille Lesterle, mai 2015
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