Petite fable affable d’après un croquis de Camille Lesterle
« De lumières, point trop n’en faut ! »
Proclamaient les gnares ignares
De rats urbains, lares hilares,
Tout en tares et en défauts.
Et c’était avec jouissance
Qu’ils adoraient parler de rien,
Seul domaine où tous ces vauriens
Avaient de vagues connaissances.
Ne les éclairaient que néons
Ou réverbères noctambules ;
Allant par paire comme mules,
Ils causaient comme des ânons.
Avec des phrases lapidaires,
Lapidant jusque’à l’impoli,
Ils pensaient leurs maux ramollis
Grâce au lueurs des lampadaires.
Ces jouvenceaux gonflaient leurs joues
De « Nons ! » et d’expressions souabes
Ou de mots de deux syllabes
Pour mettre à genoux ou en joue.
Ces sots étaient, au mieux, vulgaires
Et méchants pour l’habituel :
Ils se croyaient spirituels,
Ces rats stupides et grégaires !
Si leurs idées n’étaient qu’emprunts,
Et leur esprit celui d’un autre
Qu’importaient à ces bons apôtres.
Ils réclamaient des droits, ces Huns,
Fuyaient l’école et la culture
Comme la notion de « devoirs » :
« On a des ampoules pour voir ;
Tout savoir est contre-nature ! »
Ces jeunes rats n’avaient pas faim
Corps contrit, cœur content : « La ville
Nourrit et protège, servile.
Tout effort est vain et sans fin ! »
Un vieux chien, un peu cabot certes,
Dit : « Retournez à l’égoût,
Et vous aurez moins de bagout :
Ce ne sera pas grande perte !
- Et pourquoi donc ? fit un jeunot.
- Qui va bien est arrogant ; doute
Qui, pour tout et toujours, redoute
Un demain incertain, minot !
Sauf si savoirs, intelligence,…
Il s’est, un jour, approprié
À l’âge où on l’en priait :
Par vos actes et négligence
Vous subirez joug, allégeance,…
Et ploierez sous toute exigence :
Je ne peux avoir d’indulgence :
Éclairé, on flaire l’urgence ;
Éduqué, finie l’indigence ! »
Croquis : Camille Lesterle, mai 2015
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