Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 19 juin 2015

LE BON JARDINIER

Petite fable affable

À vouloir connaître « la Chose »,
J’ai étreint tant et tant des roses 
Qui m’ont meurtri au sang les mains,
Et le cœur aussi, en chemin,
Car j’ai confondu, dans ma liesse,
La marguerite, cette ogresse,
Et l’immortelle. C’est humain !

Je fus en la vieille Angleterre
Pour y cacher, sans baratin,
Hasard de la vie ou destin,
Mes déconvenues. Puisqu’à terre,
Pour un riche propriétaire,
Je me fis humble jardinier
Et à ce labeur m’ingéniais.
Madame en était fort contente
Une main sûre et compétente
S’occupait bien de son gazon,
Faisant la gloire en sa Maison,
De la vallée aux monts, dès l’aube.
Ça je la méritais ma daube,
 Binant, arrosant,… à foison !

Mais Monsieur aimait ma brouette
Aussi, mon ardeur et mon dail.
Cela m’assurait un bon bail
M’épargnant des jours de diète
Dans ce pays de pique-assiettes.
Et puis je commis une erreur ;
Impardonnable, j’en ai peur.
Car j’ai semé, matin, bonne âme,
À la demande de Madame,
Qui voulait que rien ne flétrît
Ni ne fanât en sa patrie,
Quelque graine. J’y fus habile :
Il en sortit un fruit gracile ;
Roux comme moi. Cela surprit.

Donc, pour la rumeur faire taire
Comme un larron je fus chassé
Et dis à Monsieur, un agacé :
« Comme le dit notre Voltaire,
Peu candide contestataire :
“Il faut cultiver son jardin”
Oubliant “soi-même”, badin ! » 

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