Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 27 octobre 2016

LA CICOGNE SUR L’OLYMPE

Petite fable affable

Apprenant que Jupiter voulait la remplacer 
Par quelque drone pour livrer les bébés des hommes
Fraîchement cueillis dans des roses jamais passées
Ou ramassés dans des choux faisant, sinon, des pommes,
Une cigogne vola au plus haut des cieux ;
Elle savait pourtant tout courroux audacieux

Mais, plus prompte à l’ire qu’à lire, elle voulait dire
Au dieu des dieux sa façon de voir la vie
Et le féliciter de la remercier - pire,
Virer ! - alors qu’elle l’avait si bien servi,
Bousculant le protocole et les hommes, si bêtes,
Devenus courtisans jamais à court de courbettes.

Si porter la plume dans la plaie et parler vrai
Serait le propre de ces drôles d’oiseaux, nul trône
N’aime qu’on lui en remontre, et gare à ces pauvrets
Qui contestent ou protestent, car le divin prône
Se muera en un bref « Car tel est son bon vouloir ! »
Rappelant qui détient le suprême pouvoir !

Pourtant ce matin-là, Jupin, bonhomme, argumente,
Parle de « progrès », d’ « avenir », de « modernité »
En vaines circonvolutions assommantes ;
De « compétitivité », de « rentabilité »
Et de « fiabilité » comme d’aucuns récitent
Leur missel. On ne pouvait être plus explicite !

Mais la cigogne récalcitre encore pourtant.
« Bon Dieu, fit-elle, à mettre partout des machines
Qui t’adorera demain, toi, le Maître du Temps ?
Laisse donc les Hommes vivre comme de vrais hommes,
La tête pleine de « rêves » et de « poésie »,
Au lieu d’en faire zombis tout en amnésies :

Tuer l’humanité en eux, qui n’est qu’en ébauche
En leur monde, les rendra durs et sots comme roches ! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire