Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 31 octobre 2016

L’OGRE & LE ROUTIER

Petite fable affable

Un gros ogre assis dans sa grotte grognait
Et grinçait de tant souffrir de la mâchoire.
Or un croquant passa alors qu’il geignait
De vivre un enfer inconnu des grimoires.
Et ce pauvre bougre grondant, notre errant
Lui proposa de le soulager très vite
Du grand mal rongeant ses chicots. Sidérant !
Mieux, que ça soit carie ou gingivite,
Lui, il connaissait un remède parfait
Qui ne lui coûterait, vrai !, pas un centime.
Mais il devait rester secret car la fée
De qui il le tenait, chose légitime,
L’a exigé ainsi !… C’était là son faix.

Notre goinfre éploré le crut sur parole
Et il accepta tout sans discussion
Car l’Insupportable, hélas : ce n’est pas drôle !…
Donc, le manant, sans précipitation
L’aveugla d’abord, lui bandant les yeux,
Et quand il fut sûr que le cavernicole
N’y voyait mie, lui brisa, geste odieux,
Le râtelier, sans autre protocole…
Rougi, l’ogre rugit, brisant les tympans
De la nuit mais le chemineau rapide
Avait fui en criant, vil chenapan,
À l’édenté : « Souviens-toi là, stupide
Gros tas, de mes fils que tu gobas en combe :

Nos vieux péchés faisant de longues ombres,
Le passé s’invite hélas toujours un jour
À notre tablée avant que l’on ne sombre
Dans la nuit de notre tout dernier jour. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire