Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 7 octobre 2016

LE COQ DEVENU GIROUETTE

Petite fable affable

Un coq caquetait après avoir fort cocoricoté :
« Je règne, hélas, sur une poulaille qui ne mérite
Que mon bel ergot, pas mon ego, car elle m’a ôté
Toute patience. Oui da, cette bande d’hypocrites,
Sale, ingrate, vulgaire, désobéit à loisir
À mon ordre moi qui, d’un seul cri, tous les matin, ordonne
Au soleil de se lever tôt car tel est mon bon plaisir :
J’ai dressé le roi du ciel qui encor’ ses faveurs me donne 
Et pas ces pécores qui n’ont et ne me font que soucis,
Jamais contentes qui, sans sursis, maugréent sur ça, sur ci ?! »

Lui, qui s’usait à régler les différends et les problèmes, 
Par des compromis qu’on jugeait toujours insatisfaisants,
Enviait son bon cousin du clocher voisin, un blême
Emblème, à jamais impavide, le grand monde toisant :
Sans dire mot, il donne une direction à suivre
Sans que personne ne crie à l’infamie et si d’avis,
Il change, nul ne lui conteste l’aura de son cuivre,
Ni ne proteste quoi ou qu’est-ce. Et ainsi va la vie
De ce si haut souverain si altier que même l’Homme 
Regarde avec respect. Notre coq l’envie il faut voir comme !

N’y tenant plus, un soir, il grimpe sur le toit du clocher
Qui lui fait de l’ombre et son grand frère de fer il renverse.
Ah, il fait moins le fier le déchu dont, sans flancher,
Il prend la place !… Notre coq domine enfin, sous l’averse
Ou le soleil, le monde et tous ses aléas avec tant 
De hauteur qu’il ne les voit pas plus que sa si chère glèbe

Et, pour que ses plumes restent au poil, il prend l’air du temps.
C’est ça « gouverner » : être si grand qu’on ne voit plus la plèbe
Et plutôt que “prévoir” ou “choisir”, tourner son cul au vent.
C’est ce que nos bons dirigeants font de plus en plus souvent !

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