Petite fable affable d’après
Du renard qui a perdu sa queue d’Ésope
Tombant, à la nuit noire, en quelque chausse-trappe,
Alors qu’il marchait tête haute, tel un pacha,
Un goupil des plus distraits, penaud comme un chat
Qu’une souris grise aurait pris, n’en réchappe
Qu’après y avoir laissé, morbleu, sa queue
En gage… Le voilà dès lors bien piteux :
Sans ce panache il sera la risée des hôtes
De ces bois et surtout de ses pairs, roués
Certes, mais pour se gausser d’autrui plus doués
Encore !… Il lui faut donc trouver parade ou botte.
Quelque ostracisme le guettant, il profita
D’un congrès des siens pour parler, ce bêta :
« Une idée m’est venue que, là, je vous expose.
Défaisons-nous tous de ce fouet superflu.
J’ai ôté moi-même cette traîne velue,
Lourde souvent, sale toujours dès qu’on se pose.
À quoi bon balayer sans cesse les chemins
Avec cette couette, s’emmêler aux ronces ?!
- J’ignore ce je que pourrais gagner, annonce
Le plus vieux de la bande, mon gamin,
À me passer de mon caudal appendice.
Mais je suis sûr que si tu n’en avais été
Privé, jamais pareil discours, certes écourté,
Ne nous aurait été infligé. C’est du vice
De vouloir changer le monde parce que l’on
A changé soi-même. Sur toi ça en dit long ! »
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