Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 9 décembre 2022

DU SERPENT CONDUIT PAR SA QUEUE

Petite fable affable d’après 
Du serpent conduit par sa queue d’Ésope


Un beau matin, un serpent surpris vit sa queue 
S’élever contre sa tête. Pourquoi ?… Parc’ que !
« Quel orgueil ! siffla-t-il. Oser imaginer 
Que tu pourras conduire sans lambiner
Tout ce corps rampant aussi adroitement, sotte,
Aussi bien que je le fais avec jugeote ?

- Aurais-je moins d’esprit et de raisonnement
Que vous ? Plus d’une fois, souvent fort bêtement,
Vous nous avez fourvoyés, mis dans l’ornière !
Cela fait longtemps, et pas de bonne manière
Que vous décidez de tout, mon petit vieux,
Et que vous menez la danse. À mon tour de faire :
On verra lors que pour nos communes affaires
Ça ira aussi bien si ce n’est mieux  ! »

Cela dit elle tire la bête et rebrousse
Chemin, cahote dans l’environnante brousse :
Elle se fripe aux racines, se froisse aux rochers
Ou s’urtique aux orties et se déchire aux ronces ;
Ici elle pénètre en un querelleur rucher,
Là se jette en un trou profond et s’y s’enfonce.
Le serpent n’eut fait vingt mètres, mala testa,
 De cette façon, qu’il fut en piteux état.

Combien d’hommes, en leur vie, ne font pas mieux
Et ne s’en tirent, je le crains, guère mieux !

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