Petite fable affable
Sous une pâle étoile aux lueurs anémiques
Et une lune ventrue, mélancolique,
Un cul roux, en courroux et sans compassion,
Eut, on ne sait comment, « la » Révélation
Qui vous fait respecté et, mieux, respectable
Jusqu’à manger à la même sainte table
Que d’aucuns frappés de soleil vers Damas
Ou se prenant une colonne,… Des as !
Qu’un vrai renard, plus allumé qu’éclairé,
Soit illuminé de foi, ça atterrait :
Mais, plus joli vu de fesse que de face,
Il apprit son missel jusqu’à la post-face,
Le rite, les bréviaire, pénitentiel
Et martyrologe. Bref, tout l’essentiel
Pour faire qu’un certain jour, son sacerdoce
Lui devienne un fort fructueux négoce.
Notre bel auréolé qui rotait en grec
Et ne pétait qu’en latin, disait très sec
Qu’il fallait toujours dire, c’est règle une,
La vérité, et nue et crue, à chacune
Comme à chacun de tous ses bons paroissiens,
Ces fidèles moins fiables qu’un bon chien.
Il avait appris lors de son séminaire
Qu’un vrai prêtre n’a rien d’un être ordinaire…
Il prenait tout - et, pis, tous - avec hauteur
Ce que l’on prit, chez lui, pour de la grandeur,
Et attendait, là, que la panse lui pousse.
Vain et vaniteux, mais sachant sur le pouce
Le décalogue, il citait à tout instant
La Bible - en tout sa boussole et son sextant -
Lorsqu’il s’invitait chez quelque vieux notable
À qui, toujours, en bonne âme charitable,
Il servait ce qu’il fallait taire à tout prix,
Ses lumières lui enténébrant l’esprit.
Il prêchait l’amour, au nom des Écritures,
Ses dires semèrent la haine qui dure ;
Il prônait la paix, condamnait les conflits
Mais déclenchait d’un mot querelle et chienlit.
L’évêque intervint, le mit au monastère
Où l’abbé le pria d’à jamais se taire.
Son successeur, un jeune loup basané,
Dut tout remettre en bon ordre sans flâner.
Quoi qu'en pense le commun brave, houspillable,
Et l'incurable renard, franc ô combien :
D'aucuns parlent, par chez nous, pour dire bien
Mais parler pour bien dire est bien plus louable !
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