Petite fable affable
Quoique mis sur la voie, les chasseurs à bajoues
Faisaient, las, buisson creux : aucune proie en fuite
Et pas de gibier tremblant à mettre en joue.
Craignant cors et cris, traque et rabatteurs, les bêtes
Aux abois, se terraient et restaient embusquées.
La carnassière plate, rentrer bredouilles
Des bois, n’enchantait pas le gros des niquedouilles.
Par chance, un chevreuil, jeune animal toujours prêt
À s’effaroucher d’un rien, le pauvre, évente
Sa cache et s’enfuit, les chiens lâchés après
Lui. Parmi les veneurs, déjà, certains se vantent
D’un haro surprise sentant proche hallali.
Mais notre cervidé n’a pas rendu les armes,
Et rumine, pour ses poursuivants en rallye,
Un tour à sa façon quoique, hélas, sans grand charme.
Pour donner le change, le brocard rejoint
Sa jolie femelle. Elle, grosse de ses œuvres,
S’était aplatie dans de gros fourrés, non loin.
Il la fait se lever, pour sa lâche manœuvre,
À coups de cornes. Elle se sauve devant lui
Qui se couche et prend sans vergogne, là, sa place.
La pauvrette se fait courser de son réduit
Jusqu’à un clair ruisseau où elle choit, trop lasse.
Avec son fruit, la bête est servie, étripée.
Les veneurs, réjouis de leur succès, font mine
De n’avoir pas compris ni vu que l’écharpée
N’était pas l’animal levé car, en “chaumine”,
Comment un dupé peut-il son blason dorer ?
Notre chevreuil sain et sauf n’ira jamais dire,
Les chiens courants tous déjà à la curée,
Comment il réchappa à son sort sans faire ire.
Que dit, fort banale, cette histoire de chasse ?
Qu’il n’est pas toujours aussi grand, ni aussi classe,
Qu’on le dit le mâle courage, qu’ici-bas
On loue de tous temps et à tous vents ; ni si crasse
Qu’hommes le prétendent, en mille et vains débats,
La lâcheté propre aux femmes, valant disgrâce.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire