Petite fable affable
Du chant du coq à celui du cygne,
Ce moins que serpent, ce plus que ver,
Ce lézard commun en habit vert,
Ce vil ventre-creux, des plus insignes,
Se fatiguait à ne rien faire
- Pour paresse et sieste il s’affaire ! -
Quand la plupart de nous perd son temps
À vouloir en gagner plus qu’autant.
Il vivait en pays de cocagne,
Celui où plus tu dors, plus tu gagnes,
Notre chevalier des éboulis,
Sans souci et sans peur, amolli.
Matin, vint à lui une vipère
Qui morgua cet indolent pépère,
Ce manant, seigneur des trous du mur,
Inutile et fat, c’est plus que sûr.
« Chacun, ici, se crève, et en crève,
Fit son hôte, pendant que je rêve.
En quoi est-ce moi qui aurais tort ?
Tu fis métiers, rampeur retors,
Et n’en retiras que des misères.
Tu n’as pas plus que moi, pauvre hère,
Faisant, je sais, lit de tout rocher
Et ventre de la moindre bouchée. »
En vains mots, sales et malsonnants,
Le serpent maudit l’impertinent
« J’ai rôle en ce monde, je t’assure :
À chaque vipère, une mort sûre !
J’ai donc, ainsi, une fonction
Et quant à toi demi-portion ?
Persifla-t-il en levant la tête,
Franchement tu ne vaux pas tripette !
- Qui déprécie oppresse, en censeur,
Et qui méprise opprime, ma sœur !
Je ne suis rien… mais je suis ! Pour l’heure
Cela me suffit : la gloire est leurre
Et le pouvoir, souvent, passager.
Parles-en à un peu plus âgé ! »
Enchifrenée, Vipère veut mordre
L’autre qui fuit pour faire bon ordre.
« La vie est une salle de jeu
Où chacun ne fait que ce qu’il peut,
Lui dit-il avant de disparaître,
Quoi que tu dises avoir ou bien être,
Moi, toujours, j’y fais ce que je veux.
Qui peut prétendre, au-delà de vœux,
Faire mieux ?!… Pas une vipère
Ne pouvant pénétrer mon repaire ! »
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