Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 1 mars 2015

LE PONEY TOQUÉ DU BONNET

Petite fable affable

Une vieille jument voire, parfois
Une haridelle, une rosse amère, 
Du plus beau des poulains peut être mère.
Pour les poneys ?… C’est tout pareil, ma foi !
Et le nôtre, hélas, de sa génitrice,
Hérita un caractère, une humeur
Fort ingrate, n’étant en rien Jocrisse,
À ce que disait le vent des rumeurs.
Et donc, dans la harde, avec lui ça clashe :
Les forts et fats étant parfois mauvais
Et souvent méchants les faibles et lâches,
On l’aima fort peu : au premier duvet,
Jà, il se pardonnait toujours l’insulte
Qu’il proférait mais pas celle essuyée.
Aussi laver ses affronts ennuyait
Que l’on fut son pair ou, pire, un adulte.

Puis, sans y être vraiment invité,

Rapidement, ce jeunot prit de l’âge,
Aimant être haï par tous les pelages
De la prairie ; mais plus on l’évitait
Et plus, las, il se plaisait à déplaire.
Il récolta, de rancœur partagée,
La haine recuite des moins âgés
Comme des vieux, de façon plus célère.

Il fut donc banni ; livré à lui-même,

Il ne s’en pensait que plus fort, par pluie
Ou par vent il restait droit, car celui
Qui court seul se sent, c’est défaut bohême,
Toujours le meilleur, mais il ruminait
Pourtant : “Si l’on m’avait dressé, tout gosse,
Au lieu de se cabrer” et “Moins véloce
À me juger, on m’eût un tantinet
Écouté ou offert une autre chance,…
Il se chanta, ainsi, la scie des “Si
Puis, comme ultime ruade, il trahit
Ceux qu’il avait tant haïs par l’alliance
Qu’il conclut avec un tout jeune Indien : 
Les siens furent saisis, et ô combien ;
Devant leur enclos, il leur fit : « Plus grande
Est la foule, plus aveugle est son cœur* ! »


 * Pindare (-518/-438), poète grec donc forcément un peu philosophe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire