Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 1 novembre 2019

DU NEUF & DU NOUVEAU

Édito’ de mai pour RuedesFables


          Selon J.-H. Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), « un bon livre est un bon ami ». Mais si le père de Paul et Virginie, aussi naturaliste et botaniste fût-il, avait connu notre siècle technologique et technicien, il aurait peut-être affirmé qu’ « un bon site est un bon ami ».  Si “Ami” est un terme aujourd’hui galvaudé grâce à nos réseaux asociaux, et que « Rien n’est plus commun que le nom / Rien n’est plus rare que la chose* », RuedesFables serait sûrement de ses préférés sans avoir besoin de cette « Leçon de tweet » chère à J. Hallyday jadis. Il est en effet des choses sur lesquelles on jette un œil car elles valent le coup qu’on perde la vue pour elles ; pire, dans le feu de l’action on a tendance à brûler les étapes. Mais là rien de tout cela.
Or, quitte à vous paraître Linkedingue, je m’égare St Lazare car un doute m’étreint (de 19 h 17 sûrement car j’ai raté le précédent à cause de mon train de sénateur sans entrain pour le train-train quotidien !), et ma voix s’éraille, aurait-on ravalé, bon sang, ladite artère ? Ce serait bien ma veine avec ma “Face de Bouc” peu ragoûtante. Oui, je ne rêve pas - Astragram pic et pic et colégram - cet espace où je déambule, coince la bulle ou fabule à tout va a, en effet, bien changé depuis peu alors que son objet, l’apologue, lui ne change pas. Il reste, comme disait le Pinterest de Château Thierry, « un tableau où chacun de nous se trouve dépeint ». Je suis désolé pour celles et ceux que désolent mes jeux de mots à répétition mais, étant impayable, je ne cherche pas à me racheter, moi l’ancien mioche à brioche et éternelle tête de pioche. Poil aux loches !
     Mais oui, mais oui, la voilà rénovée ma Rue qui n’était pas vaine voie et, en rien, impasse. Réhabilitée, ainsi que ses devantures et vitrines, ses étals et éventaires, par une équipe qui lui donne un lustre du meilleur aloi tout en lui conservant ses « fondamentaux » qui me sont “hémoglobibine” quotidienne puisque, comme le vin, la matière grise : face aux caciques de la littérature, elle fait connaître les fabulistes d’antan qui ont officié, en bons soldats, et tenus le haut du pavé depuis l’esclave de Phrygie, mieux, elle fait découvrir le sang neuf qui coule au corps de ce genre millénaire, et non point au caniveau pour autant, s’inscrivant dans la droite ligne de ces mets connus ou non. C’est là, en un siècle inique, son sens unique. Gens de bonne souche, de la race des hommes de plumes et femmes au poil, tous ces auteurs sans hauteur font partie, espèce rare, de la même famille qui n’a pas de tabou, sauf de bois, et n’en ont pas moins de mérite ni de talent :


« L'invention des Arts étant un droit d'aînesse,
Nous devons l'Apologue à l'ancienne Grèce.
Mais ce champ ne se peut tellement moissonner
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.** »

     Je déteste qu’on me fasse des histoires alors que j’ai vocation d’en créer aussi je ne parle pas pour moi qui ai eu le privilège d’étrenner une entrevue qui de l’étal m’a mis en vitrine de cette Rue (Non je ne pleure pas : je me rince l’œil !) même si je ne sais pas faire court - ce qui est un comble pour un prof’ ! - car j’aime à conter sans compter et rat conter devant meule de Comté. C’est une aubaine pour la fable, ce genre souvent mésestimé voire méprisé, que nous défendons tous ici, et dont Maître Jean confessait - oh le beau mot ! - que « l’apparence en est puérile (…) mais ces puérilités serviront d’enveloppe à des vérités importantes » surtout si, comme lui, on la brode de poésie car « les grâces lacédémoniennes ne sont pas tellement ennemies des muses françaises » et on l’ourle d’Humour, d’Humilité et d’Humanisme, les trois seuls H avec lesquels j’aime à me fendre la gu… et espère vous tirer, au moins, un complice sourire (Salut, Audrey !) en terminant par les mots que d’aucuns croient un simple - voire un vulgaire - « copieur » des Grands Anciens et a fondé les principes du genre qui nous occupe et nous anime ici car :


« Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être : 
Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.
Une morale nue apporte de l'ennui :
Le conte fait passer le précepte avec lui.
En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire,
Et conter pour conter me semble peu d'affaire.
C'est par cette raison qu'égayant leur esprit,
Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit.
Tous ont fui l'ornement et le trop d'étendue.
On ne voit point chez eux de parole perdue.*** » 

     Sur ces bonnes paroles du Maître s’achève cette chronique mensuelle qui me sert d’édito’ récurrent. Ah non, j’oubliais l’essentiel : « Fabuleusement vôtre… »

* Jean de la Fontaine (Parole de Socrate, Fables, IV, 17)
** Jean de La Fontaine (Le meunier, son fils et l’âne, Fables, III, 1)
** Jean de La Fontaine (Le pâtre et le lion, Fables, VI, 1)

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