Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 23 novembre 2019

LA VIEILLE STATUE

Au bout d’une sente rugueuse
Est une niche antique en toc,
Figurant, salpêtré, un roc,
Paroi de grotte un peu gueuse,
Faite antre qui verdit ici,
Noircit ailleurs comme en glacis.
Elle doit moins à la nature
Qu’aux beaux-arts et à la culture.
Quelque plantes semées au vent
Iris jaune et glaïeuls sauvages,
Font un inattendu rivage
 Sous une statue à l’évent.

C’est Flore ou c’est Vénus, peut-être.
Cette beauté dut être fort
Galante quand, du bel effort
D’un ouvrier - apprenti ?, maître ? -
Elle naquit de la pierre
Dans un hier tout en tourbière.

Il lui a donné formes et traits
Gommés par nos temps sans attraits,
Effacés ici, ou presque,
Érodés par les intempéries
Qui laissèrent sur l’égérie
Lichens formant comme des fresques,
Champignons noirs peu engageants.
Des taches de brun sale ocellent
Le corps jadis blanc de la Belle,
Tigré d’un jaune ocre outrageant.
Aux pieds mussés dans la mousse
Un résidu de pluie rousse.

Croupie en la conque émoussée
Elle est une flaque fétide
Que les lentilles d’eau oxydent
De verdures qui ont broussé
Hors les marettes que la saison
Cache dessous les frondaisons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire