Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 11 novembre 2019

LA POÉSIE EST FILLE

La poésie n’est pas une fille perdue,
Recadrée par quelque vieille maquerelle
Ou sauvée par une patronnesse tordue
Qui paye de mots tes maux, las tout aussi bourelle
Que la tenancière de bordel qui encage
Son corps et son cœur meurtris, son âme engourdie
Entre songe et mensonges. Et un marécage
De noirs fantasmes la fait vivre à l’étourdie,
Comme grisée, quand elle n’est que lassée, morte
D’ennui de fuir l’effroi, d’enfouir le froid
Qui glace son sang de n’avoir aucune porte
De sortie car, ici-bas, las, le vice est roi…

La poésie n’est pas une fille facile,
Vivant les cheveux au vent et toute en langueurs,
Espérant un prince charmeur, déjà docile
À ces désirs qui font son plaisir, un dragueur
Et un bringueur qui serait un croqueur d’étoiles
À son heure et un semeur d’espoirs, un peu fol
Qui au pas de sa plume irait à la voile
Pour écumer tout horizon, sans peur ni dol.
Elle serait lors aussi vite séduite 
Qu’oubliée, et se donnant sans fin ni faim,
Pardonnant tout et, à servir réduite,
Ne serait qu’ornement moqué par les becs fins…

Pourtant la poésie est bel et bien fille,
De celles qu’il faut désirer et conquérir,
Après, de rime jamais lasse, en tissant trilles
Et vers à soi, encor’, toujours, sans coup férir…
Ainsi des plis du papier et de ces lignes
Inégales naitra une vraie mer d’amour
À sillonner ensemble, tout un flots de signes
Étravés sans entrave au nom du finamor,
Bateaux ivres et libres voguant de conserve
Loin des rouages rouillés des conventions
Et des convenances qui, aujourd’hui, ne servent
Qu’à étouffer la mémoire des passions !

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