Petite fable affable
d’après L’ombre et la lumière de P. Simard
Comme le claironnait, naguère, le fou chantant
Le soleil avait donc rendez-vous avec la lune.
Pour ce, le destin improvisa, pour un bref temps,
La brève rencontre entre deux vraie ennemies, l’une
La lumière, l’autre l’ombre qui, à bon droit,
Ne se voient jamais en même temps au même endroit.
Car, toujours, lorsque se montre la première,
La seconde se fait discrète et disparaît.
Se côtoyer telle est leur vie coutumière
Sans se mêler, se retrouver, se rencontrer,…
Notre éclipse fut lors l’occasion unique
De causer enfin entre elles et ce fut fort bref :
« Je n’ai besoin, dit l’ombre à la triste tunique,
Ni de la célébrité, ni des reliefs
D’une gloire toujours brève, pas plus que d’être
Acclamée car je suis partout, sans y paraître,
À ma place et me plais prou à mettre en valeur
Les autres non par timidité maladive
Mais par choix de cœur. Toi, Lumière, perdrais
Ton éclat et mourrais avec moi toute excessive
Que tu sois… Il n’est point d’ubac sans adret ! »
Hélas, la fin de l’éclipse relégua l’ombre
À l’oubli, la lumière reprit son droit
Et n’oubliera pas que, quand cesse la pénombre,
Celle qui l’aide, en silence, sans être en froid,
À briller trouvera en soi cet équilibre
Qui rend, face à la jalousie et l’envie, libre.
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