Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 21 mars 2018

POUR FUIR L’HERMINE…

Petite fable affable

Pour fuir l’hermine qui saigna,
Hier, la chouette en son trou d’arbre,
Le pic vert s’est terré en cagna
Profonde, plus sombre que ces marbres
Qu’on exploite ici. Tous les siens,
T’en souvient-il, et sans ambages,
Ont péri en Lilliputiens
Face aux petits seigneurs des ombrages.

Pis, le pic vert n’ose plus frapper de tronc
Pour y chercher, matin, sa pitance.
Il se terre comme un poltron
Laissant, lors, pratique accointance,
Les soins du ménage au vent.
Son nid est pourtant un bon asile
Si sûr que d’autres oiseaux souvent
Y viennent sans vergogne et l’exilent.

Mais la mésange, le grimpereau,
L’étourneau, le pigeon, la sittelle
Ont fini comme des lapereaux,
Malgré précautions et cautèles,
Dans la gueule  du Sieur Furet,
Ou de ces Dames Martre,  Belette
Ou Hermine, vives comme traits.
Pic attend sans sommeil, sans galette,…

Il attend que le danger ne soit
Plus. Il attend, en son trou, des heures
Plus tranquilles sur son quant-à-soi.
Et il s’affaiblit en sa demeure,
Devient moins qu’un corps et, alors,
Meurt d’avoir voulu fuir la mort.
Ainsi, parfois, l’excès de prudence
Nuit tout autant que son absence.

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