Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 9 mars 2018

LE DINDON DES CIMES & LA PERDRIX DES NEIGES

Petite fable affable

Alors que la nature entre en son cocon,
Un grand tétras, un de ces dindons des cimes,
Que l’Homme ne croît que coq, dans les flocons
 Tombés, fier de sa livrée chiquissime,
Paradait, le pied sûr : ce blanc manteau
Rendait bien plus beau encor’ ce pataud.

Voulant que chacun partageât, ici même,
 Son admiration pour lui, blasphème,
Il s’en ouvrit à sa cousine perdrix
Qu’on nomme dans ces montagnes lagopède
Qui elle, avait remis, sans clabauderie,
Son plumage de saison sans l’intermède.

Il dit, se prenant pour le Prince Édouard :
« As-tu la témérité d’être couard
En ce temps où chacun n’a que le courage 
De se taire ou, las, de s’auto-flageller ?
As-tu honte des on-dits et des commérages 
Sur tes fades plumes d’été ocellées ? 
Te voilà, bête en tenue de camouflage !

- Hantant nos hauteurs, loin de leurs villages,
Nous arrivent, bon Maître Coq, des chasseurs.
Je me cache pour ne pas finir mortadelle
Dans les mains de ces monstres, fins rôtisseurs,
La peur ne me donnant jamais assez d’ailes.

- Qu’importent ces Humains, sois heureux de vivre
Et de ce que la Nature t’a fait libre !

- On le reste pas longtemps, encostumé
Comme tu l’es, quand  le danger est célastre :
Si le fumet du bonheur n’est que fumée,
L’ombre du malheur est déjà un désastre ! »

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