Petite fable affable
Après Le cochon, la chèvre & le mouton, Livre VIII, fable 12
On menait abattre un énorme cochon gras,
La chèvre et le mouton, sans que ces bonnes poires
Ne le sachent vraiment… sauf le porc : le trépas,
Il le sentait venir et fit bien des histoires.
On en voulut à ce malsain
De ses cris, de ses coups de reins,…
Qui ne reportaient qu’à demain
Un destin scellé. Qu’importent donc ses secousses,
Ses plaintes, sa crainte : le sort est, dit-on, sourd.
Mais agissant ainsi, certes mu par la frousse,
Il délaya la mort du mouton tondu court,
De la chèvre n’aimant pas geindre.
« J’agis, en m’agitant, pour votre bien sans feindre
La soumission qu’attend notre bourreau narquois.
Votre silence, amis, est flèche en son carquois :
Il y a toujours à dire et plus encore à faire
Qu’à espérer la mort promise sans un mot :
L’abandon est le pire des maux !
S’ils veulent nous tuer, autant que cette affaire
Leur coûte tout autant qu’à nous. Sus aux Gonziers ! »
La chèvre est une brave bête
- On veut son lait et non sa tête -
L’autre, un peu plus âgé, crut sa laine en danger
Bien plus que sa bedaine. On les occit sans peine.
Dom Pourceau avait donc raison,
Il résista. Mais à quoi bon ?
Il finit, las, en salaisons
Comme d’autres, c’est de saison.
Dire ou taire la vérité, qu’est le plus sage ?
Quand la Vie est en jeu, c’est toujours opportun
De dire, et faire dire, en jouant l’importun,
De lutter, même en vain. Voilà notre message.
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