Petite fable affable
Un hérisson suant beaucoup mais gagnant peu,
Pensait avoir l’âge de se trouver épouse,
Domicile fixe,… des mots lourds et pompeux
Quand on est jeune et beau et que l’on a du flouse.
Jusque là, point d’amie au-delà de la nuit :
« À quoi bon acheter, disait-il, une vache
Quand il n’y a, pour moi, qu’à passer, à minuit,
Sous la barrière pour avoir du lait, Babache ?! »
Il était bombance, joie, jeux, frivolité
Et mille fredaines mais la réalité
Frappe au coin du miroir : le temps passe et file.
Il faut changer de vie. Devenir ce qu’on fuit.
Oui. Ainsi vont la vie et les jours qui défilent
Pour l’être nocturne jouant l’oiseau de nuit !
Donc, parmi les belles qui, jà, se pelotonnent
Contre son paletot, il choisit de bon cœur
La plus belle consœur parmi les plus atones
De caractère. Pas fou. Il craignait rancœur
Reproches et grands mots si, un jour, d’aventure…
Il n’était pas de bois ! Il en avait tant vu,
De celles qui se hérissonnent, la dent dure,
Qu’on ne le prendrait pas, c’est sûr, au dépourvu.
Il se fiance un jour. Il est bien plus rapide
Pour les épousailles. Finies les intrépides
Soirées, les beuveries de sa folle jeunesse
Avec pour tout butin, l’ombre d’une catin
Que l’on caresse un peu, que l’on aime en vitesse
Sans plus de finesse ni, Dieu, de baratin.
L’Aimée tout en jupons, l’air fripon, était belle.
Il l’aima durant des nuits qui ne dormaient pas
Mais faisaient la grasse matinée, tard, rebelles,
Et des jours paresseux faisant - mea culpa ? -
La petite sieste que l’on dit crapuleuse.
Le hérisson fut père en un hâtif tournemain.
Sa belle s’occupa de sa si populeuse
Marmaille, caressant son doux chéri de mots.
Ça laissait peu de temps à soi tous ces marmots !
Puis le quotidien - routine et habitudes -
Érodèrent l’ardeur ; le train-train, et pas plus,
Vient à tout attendrir, plus que la lassitude :
Si elle l’aimait bien, elle ne l’aimait plus !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire