Mes roues mangent, bouffent du bitume
Mille kilomètres d’amertume.
Je quitte mon pays, mes amis
Pour ville et boulot. Quelle infamie
Car, las, ce n’est qu’à titre posthume
Que j’y retournerai, ô ma mie.
Mes roues mangent, bouffent le bitume
Pour fuir, comme c’est la coutume
Chez nous, des ciels bleus, mais sans emploi,
Et des sols secs où plus d’un soc ploie,
Et nos rocs si rugueux qu’encostume
La poussière ocre qui s’y déploie.
Mille kilomètres d’amertume
De souvenirs plus lourds que des enclumes,
De regrets et de remords laissés
Là où on parle de moi au passé,
Où, dans l’air est plus léger qu’une plume,
Une part de moi a trépassé.
Mille kilomètres d’amertume
Et de terres peignées qui écument
En vagues ondulantes de blé
Semées de fleurs aux senteurs troublées,
Mes roues mangent, bouffent du bitume…
À l’abondance, je vais m’attabler !
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