Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 27 février 2014

AU LIT D'ALLIGATOR

Petite fable affable

Maître alligator régnait sur le grand fleuve.
Comme tous nos Grands, la chose n’est pas neuve,
Il allait, tout bruissant de soi, ne souffrant
Pas d’attendre autrui, et quel que soit son rang,
Mais n’était, hélas, jamais lui-même à l’heure.
C’est ça, être l’autorité supérieure !
C’était un souverain sournois et pervers
Qui, sur le monde, avait l’esprit peu ouvert.

Certes vieux, mais se pensant encore vert,
Lui qui était chic et chiant, de l’hiver
 À l’hiver, partageait - sans rire ! - le trône
Avec son épouse, authentique matronne
De sexe féminin… ou bien approchant.
Elle lui chantait pouilles à tout bout de champ
Mais jamais en public. Sourire à la lippe,
Elle savait sa place, peu chère en nippes.

Cette épouse, corsetée dans ses principes,
Il l’avait, on peut l’avouer, prise en grippe.
Ayant meilleure mémoire pour son dû
Que pour ses dettes, ce sombre individu
Noya la mère de ses enfants, dodue
Au surplus, qui lui avait fait sacrifice
De ses plus belles années, sans artifice.

Celle qui lui offrait conseils et délices
Ayant, par lui, quitté à jamais la lice,
Il prit en secondes noces un tendron
Qui n’avait, disait-on, rien d’un laideron.
Espérant dormir sur pétales de roses,
Notre roi eut vite un lit de ronce et j’ose
Dire qu’il regretta ses neuves amours
Dépensières, tracassières sans détour,…

En le trompant et le ruinant, tour à tour
Elle détruisit son crédit alentour.
Il fut chassé pour avoir omis deux choses :
Choisir c’est renoncer, quelles que soient les clauses ;
Celui qui confond respect et soumission
Finit tout seul, non sans humiliation.
Songeant qu’il était père de ses épreuves,
Maître alligator mourrait dans le grand fleuve.

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