Petite fable affable
Un agouti, petit rongeur bête et sauvage,
Pris depuis quelques jours par de vaillants chasseurs
S’enfuit de leur village, où un enfant peu sage
Devait le surveiller, être son nourrisseur.
Le fugueur a chipé une flasque au passage
Et s’en retourne auprès de ses frères et sœurs
Avec sa fiole, cadeau pour son vieux père,
Maître en leur forestier et tranquille repaire.
Il trottait espérant, de ses tracas, la fin.
Las, son chemin croise celui d’un gras et gros drôle,
Seigneur Anaconda, connu pour avoir faim
Aussi carnassière que les porteurs de groles
Si patients à traquer et engraisser afin
De faire un bon festin quand à la casserole
Vous vous retrouverez. C’est ça l’Humanité,
Sa civilisation tient dans son assiettée !
Grosse d’une seule et même pensée, la tête
Accoucha aussitôt de ces vertes paroles :
« Rongeur, mon faible ami, dois-je te faire fête
Pour le piètre repas, guère mieux que scaroles,
Cette tant maigre chair que, sur ces entrefaites,
Tu m’offres en venant à moi, mais sans girolles ?
- Il n’est point de gloutir sans boire chez les Hommes.
Ce flacon me vaut-il pardon en ton royaume ? »
L’anaconda songeant au ragoût à deux sous
Qui vite allait suivre, boit sans goût à la « dive ».
Sa prise ne voulant goutte goûter, s’absout
En lui disait qu’il est le plat, non le convive.
L’autre finit l’alcool et s’en trouve fin saoul.
Ivre, il se love et, là, s’endort. Bête naïve !
L’agouti s’en fut d’une allure plus que vive…
Qui, ayant la force, s’arroge le droit,
Un beau jour, finit berné… comme il se doit.
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