Petite fable affable
D’après un conte d’Alphonse Allais
« Vieux, le chien est le meilleur ami de l’homme ! »
Il Faudrait pas me prendre pour une pomme :
Car on n’est jamais trahi que par les chiens !
L’histoire qui suit vous le montrera bien.
Un beau jour d’été, je promenais Médor,
Le si gentil toutou que, toujours, me laisse
Sortir ma femme. Faiblesse ?… Non, souplesse !
Allant par ces rues que le sommeil endort
Dans la torpeur moite des chaudes heures,
Je déambulais non loin de ma demeure.
Vois ! j'errais donc, l’insouciance en sautoir,
Reluquant quelque peu les rares passantes
Tandis que le Médor, la langue pendante,
Baptisait les murs et fumait les trottoirs.
L’une des Belles me rendit mon sourire,
Une beauté bien difficile à décrire.
Or mes pas, par hasard, suivirent les siens
Et se calquèrent sur leur rythme. Facile.
Elle ralentit devant son domicile,
Avisant qui flânait là avec son chien,
Et se retourna puis, d’un simple coup d’œil
Elle m’invita à en franchir le seuil.
La fille aimait plus les hommes que les bêtes,
Elle refusa au toutou, d’un mot, l’entrée
De ses appartements douillets et feutrés.
Il resta donc dehors, la mine inquiète.
Ce qui suit, pouvant être un jour censuré,
Je le tais. Mais on peut se le figurer.
Après nos si tendres et si douces joutes
On gratta à la porte. « Ciel, mon mari ! »
S’écria la dame. J’en fus fort marri.
Mais elle ouvrit quand même, la pauvre choute
Sur le pallier, là Médor et mon épouse
Préférée. Il l’avait ramenée. La bouse !
Depuis, je vis seul, car trahi par un chien…
Le pire est que cet ingrat était le mien !
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