Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 3 février 2014

LE GUÊPIER QUI NE PRENAIT PAS SON PIED

Petite fable affable

Compère Martin était pêcheur.
Ce drôle d’oiseau était dénicheur
De poissons dont il faisait bombance
Ayant toujours, selon la croyance
Qu’un ventre vide travaille mal,
L’assiette creuse et le verre avide.
Certes bègue et bigle, l’animal,
Sans pareil, clamait : « Des Danaïades,
Je viderais tonneau, cave et grenier,
Moi ; sans barguigner ni rien renier ! »
Son voisin, par contre, des dépenses
De la panse se faisait dispense ;
Ce guêpier-là n’était ni paillard
Ni, à vous dire le vrai, gaillard.

Pour lui, seule comptait l’apparence.
Il dénigrait prou l’intempérance
De ce mâlin pêcheur, gras et gros,
Qui se disait son cousin, fiérot.
Pendant que l’un se ruinait, mécompte,
En chère, l’autre économisait
Et, dans les journaux, gobait les contes
Sur la mode, s’en illusionnait
En thésaurisant, loin des futailles : 
« Pourrais-je avoir votre frêle taille,
Apidés, oh apidés, si trois
Des vôtres, par jour, je m’octroie ? »
Il maigrissait et, par la rivière,
On s’inquiéta jusqu’aux grenouillères.

Si le guêpier, regardait à tout,
Et voulait être si beau, itou,
C’est qu’il cherchait fort à prendre femme
Qui lui ferait vite, la brave âme,
Des enfants qui seraient héritiers
D’un pécule grossit en fortune.
Il se privait quand, sous les fruitiers,
Son voisin s’enjuponnait de l’une
Comme de l’autre, contre monnaie.
À tant faiblir et s’abandonner,
Notre guêpier s’éteignit et, dame,
Sans connaître ni avoir de femme !

Gare aux ruineuses économies :
Souvent, solde est moindre que promis !

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