Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 11 février 2014

LA GARDE DES MOUTONS

Petite fable affable

Dans le pays d’Australie, un berger
Offrait à ses moutons, vivant en troupe,
De boire au ruisseau sans se ménager
Et de manger aux prés leur saoul de soupe.
Ainsi paissaient-ils le cœur bien léger,
Et profitaient de l’ombre d’un verger :
Le soleil ne tannait pas trop leur croupe.
Comme d’aucuns peuvent l’envisager,
On ne pouvait faire plus pour le groupe
Qui engraissait sans se faire égorger.

On évoqua des dingos pour forclore
Les prés où divaguait notre troupeau :
Il n’en pâtura plus que cette flore
Et ne buvait qu’à sa source son eau.
Moins d’ombre aussi : pour échapper aux phores
Les arbres finirent en sémaphore.
On ne pouvait, sans risquer laine et peaux,
Faire ni plus, ni mieux que les enclore :
Pour que l’animal ait repos, dispos,
Pour son confort, c’est le plus indolore !

On en vint à manger foin en ballots,
Bientôt, et, pis, à boire à la citerne
Car l’enclos fut réduit, et au galop,
Un diable en menaçant flore et luzerne.
Dans la boue, les ovins au teint palôt
Avaient l’essentiel, se disant, l’œil à l’eau :
« Ne nous plaignons pas car nous pourrions vivre
En batterie. Ça c’est un autre lot :
Des tourteaux… et des antibio’ pour suivre
En attendant boucherie, mon pélo ! »

Garde-toi de ces bergers
Qui, ici-bas, ne te protègent
Que si l’enclos pour t’héberger
Restreint ta liberté, l’allège.
Garde-toi surtout du danger
D’être satisfait en ce piège !

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