Petite fable affable
Un drôle de zèbre, perdu en forêt,
Causait au roi, un pachyderme indigène,
Espèce disparue quoique timorée.
Le rayé de robe, sans honte ni gêne
Cajolait fort ce si puissant voisin,
Le caressait de faux semblants ou de phrases
Toutes prêtes stockées au grand magasin
De ses méninges. Ah, que de périphrases
Pour le vanter !… Faisons court : il flagornait.
Le zèbre, ce vendu, louait avec larmes
Et courtoisies, bien plus benoît que benêt,
Cet éléphant placide qui pouvait, armes
Au vent, charger, changeant d’humeur, quoique doux,
Très souvent : Un tel amadou s’amadoue
Par des discours, des compliments,… qui apaisent.
Mais qui dit que l’on est dupe et que ça plaise ?
Notre zèbre, pour mieux faire encor’ sa Cour,
Piétine du verbe et foule des pattes
Les autres sujets du Roi : les bien trop courts,
Les pas assez gros,… qui, tous, trop bonnes pâtes,
Prêtaient l’oreille sans donner de la voix,
Ne répliquant jamais ni mot ni miette.
Aussi poursuivit-il prou dans cette voie,
Leur silence lui faisant l’âme quiète.
Il berçait l’éléphant à tant l’encenser,
Le croyait à sa main et pris sous son charme :
Il crut pouvoir, à découvert, s’avancer.
Toujours en éveil mais jamais en alarme,
L’éléphant dit, en peu de mots, sa pensée :
« Tout hâbleur vivant de qui ne l’a percé,
Honte à celui qui, pour flatter le monarque,
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