Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 27 décembre 2018

LE CABOT & LE CORNIAUD

Petite fable affable

Un chien chiche-face, n’ayant guère usance
Des os qu’il avait enterrés quand se mouraient
Ses pairs dehors jetés, répétait que l’aisance
Venait à qui se levait matin et qu’il suffirait
De traverser la rue pour trouver un bon maître,
Pour vivre heureux, quelque écorne que la vie
Vous ait faites et où elle vous ait fait naître.
Inutile donc d’avoir mépris ou envie.

Un cabot de rien, fort fendu en gueule
Couvant plus souventes fois maladies qu’œufs d’or,
Ayant défauts qu’on ne saurait, sauf les bégueules,
Celer ni mettre sous scellés, jouant les cadors
Trouvait que de tels parlers étaient de gros mensonges :
Le radin s’emberlucoquait et, présomptueux,
S'acharnait à rester un de ceux qui ne songe
Qu’à manger à leur faim en restant vertueux :
« Quoiqu’ensomeillé bien après la mi-nuit 
Et désommeillé à la pique du jour je reste
Les pattes trémulantes et le corps estéquit,
Errant prou et mangeant peu, hélas, aussi preste
Que je sois à saisir, ma foi, l’occasion
Qui passe. Toi qu’es né riche, tu l’as facile !

- Se peut que non, se peut que si !… La prévision
Est ma force, et je ne suis pas difficile.
Va !… Se rebeller contre sont sort est inutile
À moins, Corniaud, que tu n’aies perdu l’esprit
Qui chez toi, à tout dire, semble peu de choses.

- Si j’écoutais mon courage qui, lui, a grand prix
Mais, là, ne me dit rien tu aurais ta dose :
Tu verrais, je te jure, tout ça d’un autre œil !

- C’est chié chanté ! Approuva le cabot pingre.
C’est moins bravoure que bravade, corniaud,
Car tu es, sot, des plus faibles et des plus malingres.

- Tu oublies que tu es seul, et moi, tout agneau
Que je te paraisse, je suis vraiment sur les dents.

- Oh, sur les rares qui te restent tu veux dire !

- L’empâté qui nourrit d’insultes les perdants,
Matin, finit en pâtée. C’est aisé à prédire ! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire