Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 8 décembre 2018

OMBRE(S)

Nous avions quitté la demeure.
Là, derrière nous, de bonne heure,
Nos sens par le froid sec avivés,
Nos ombres s’allongeaient, nous suivaient,
Sortant à peine de la pénombre.
Des ombres parmi tant d’autres ombres.
Invisibles à nous mêmes, à bon droit,
Nous marchions et allions droit.

Puis, à notre échelle réduites,
Comme accrochées, collées à nos pas,
Nous faisant un brin de conduite,
Elles renonçaient, au principat
D’un soleil tout en lumière, 
À nous menacer et entraver,
Sauf en l’ornière, coutumière
Trappe que l’on savait, lors, braver.

Nous rentrions en notre demeure.
Las. Devant nous, sans autre gageure,
Engourdies par le frais, jà glaçant,
Nos ombres s’étiraient, devançant
Nos pieds qui entraient dans la pénombre.
Des ombres parmi tant d’autres ombres.
Invisibles aux autres, presque engloutis
Par le noir où la route aboutit…

À cette heure que l’on sait tardive,
Nos ombres nous avaient dépassés,
Happées, avalées par cette dive
Course qu’elles gagnaient, harassées.
Confondus en une seule et même 
Ombre, on ne nous apercevait plus :
Ombre parmi les ombres. De même
invisibles. Des lueurs exclus…

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