Petite fable affable
Bête de labour devenue cheval de monte,
Une rosse allant toujours à bride abattue
Narguait, pis morguait, ses père et frères. Sans honte
Elle se rinçait la bouche de son statut
Nouveau qui, seul, lui donnait valeur et vertus.
« Ne redoutant de mourir, ne craignant de vivre,
Je suis advenu plus haut que je ne suis né,
J’irai là où vous n’irez jamais, de gloire jà ivre,
Sans creuser sillons, aux durs labeurs condamné
Ni tirer charrois tout au long de mes années,
Fit-il, au milieu d’un millier de mouches.
Et je suis bien bon de vous en dire, là,
Ma râtelée, ne voulant mie, hors escarmouche,
Traiter avec plus petit sire que moi.…Voilà
Jusqu’où mon bon cœur me conduit sans tralala ! »
Mais la bête qui le mit bas, sans manigance,
Certes l’esprit las et le pas fort fatigué
Qu’indispose cette insufférable arrogance,
Mortelle navrure à son cœur mal irrigué,
Osa, trottinant et crottinant, répliquer
Non sans un brillement de l’œil - était-ce larme ? - :
« Tu nous penses passifs parce que patients
Et vas l’esprit émoulu céder aux vains charmes
Du métier des armes, jeune inconscient
À la langue affûtée, te croyant omniscient
Mais nous serons peut-être ceux qui, l’année prochaine,
Tireront ton corbillard, mon beau baraqué ! »
Cette arête fichée en sa gorge, le caquet
Las clos, ne la pouvant ni gloutir ni raquer.
Pis, notre fier bourrin, fort haut à la piaffe
Mais des plus basses de poil, à peine rendu
Mais des plus basses de poil, à peine rendu
Au champ d’honneur y connut la funèbre épitaphe
Des héros apprenant par soi, quoi qu’en gueule fendue,
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