Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 21 décembre 2018

LE VACHER & LE BERGER

Petite fable affable

Revenus de leur prés, fort loin de leur village,
Un jeune vacher disputait à un berger
Le droit d’être fier de son office par l’âge,
De prime, mais aussi parce qu’il ménageait
Vile piétaille grouillante et suintante
Et non nobles et forts bestiaux dont la chair
Nourrirait le seigneur du lieu. Irritantes
Raisons qui justifiaient qu'il prenne de grands airs.

Et le vacher ajouta, sûr de son affaire :
« Car on aura beau dire et faire avec broutards
On gagne autant à les garder qu’à s’en défaire,
Ne valant pas tripette sauf pour plèbe ou routard !

- Vraiment ?!… Moi je n’appête guère à pécunes
Que je ne verrai mie : mon maître, comme le tien,
Profite de sueurs, sans vergogne aucune,
Qui lui coûtent peu et gardera serré son dû. Chrétien
Sait que charité bien ordonnée commence…
Et cela en château, en chaumière ou manse.

- Tu as bon bec, comme fille d’étable. Mais, fi,
Moi, je vais seul sans que partout ne m’accompagne
Un chien, pour faire un ouvrage auquel je suffis,
Mangeant la moitié des sols que je gagne !

- Mon fidèle Médor m’évite de m’aigrir 
Sur mon triste sort et vaut bien d’aucuns hommes
Venant sans fin, dans mon labeur, me secourir.

- Tu resteras les pieds crottés, comme pomme
Que je sais, à raisonner comme nos vieux !

- J’en serai heureux, Bouseux, si je ne me paonne
Jamais de ce que le Hasard ou, au mieux
Un Autre, m’a fait ce que je suis ni si, âne
Parmi les ânes, je ne mets plus bas que boue
Qui vit com' moi mais se voit, plus que je, debout. »

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